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Nouvel An viennois

Vienna
Staatsoper
12/31/2018 -  et 1er*, 2, 5 janvier 2019
Johann Strauss: Die Fledermaus
Corps de ballet der Wiener Staatsoper, Chor der Wiener Staatsoper, Martin Schebesta (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Sascha Goetzel (direction musicale)
Otto Schenk (mise en scène), Günther Scheider-Siemssen (décors), Milena Canonero (costumes), Gerlinde Dill (chorégraphie)


(© Wiener Staatsoper GmbH/Michael Pöhn)


La Saint-Sylvestre peut s’avérer chargée pour le mélomane viennois; aux concerts du Nouvel An de l’Orchestre philharmonique de Vienne, il faut y ajouter ceux de l’Orchestre symphonique de Vienne (Neuvième Symphonie de Beethoven, au Konzerthaus), ainsi que les représentations simultanées de La Chauve-Souris au Staatsoper et au Volksoper (cette dernière se maintient à l’affiche durant l’entièreté de la saison, comme chroniqué l’an passé). L’ambition secrète de tous ces événements concurrents n’est-elle pas d’atteindre un équilibre entre une tradition fièrement revendiquée et un renouvellement discret, procurant au public l’illusion de se faire surprendre, afin de lui rappeler, tout en le conjurant, le passage du temps?

La Chauve-Souris du Staatsoper, donc: les décors opulents, les costumes d’époque, ainsi même que les réactions du public à l’apparition du palais princier (intensifiées par la proportion plus importante qu’à l’accoutumée de touristes dans la salle) – tout cela est strictement fidèle à notre description du DVD enregistré en décembre 1980. La perception en live, avec l’ambiance du Nouvel An, est néanmoins tout autre, transformant les défauts liés à l’ancienneté en qualités recherchées pour l’occasion.


La distribution est fort homogène – citons notamment: l’Eisenstein de Herbert Lippert impose une élégance un peu surannée au personnage; Olga Bezsmertna (Rosalinde) marque les cœurs et les esprits avec son timbre chaleureux dans un Csardas enivrant de plénitude; Zoryana Kushpler délivre une prestation posée, pleine de noblesse, posant un prince Orlofsky plus vrai que nature; Jörg Schneider (Alfred) nous offre du véritable bel canto, tout à fait à son aise dans ce rôle truculent de chanteur d’opéra; le timbre de bronze de Clemens Unterreiner (Dr. Falke) sculpte les phrasés avec élégance; Daniela Fally est excellente, comme de coutume, dans son rôle d’Adèle, virtuose et effrontée, élevant le personnage bien au-delà de son importance textuelle; Jochen Schmeckenbecher campe un Frank vocalement très solide. Et bien entendu, comme chaque année depuis 2011, l’inénarrable Peter Simoneschek garantit l’amusement dans un Frosch de très haut vol, avec quelques clins d’œil à l’actualité récente.


Ajoutons l’excellence de l’épisode dansé, qui parvient à instiller une dose d’euphorie fiévreuse et spontanée, faisant oublier le travail chorégraphique de Gerlinde Dill: la scène disparaît, on se sent transporté dans un authentique bal viennois. L’orchestre, dirigé comme l’an dernier (et comme il le sera l’an prochain) par Sascha Goetzel, vaut avant tout pour son lyrisme et pour l’individualisation des timbres instrumentaux: on perd peut-être un peu en légèreté, on y gagne en revanche en profondeur dramatique – comme dans le trio du premier acte «So muss allein ich bleiben», où l’ambivalence des sentiments se juxtapose avec une acuité particulièrement savoureuse. Pas la plus désagréable manière d’entamer l’année, flûte de champagne à la main.



Dimitri Finker

 

 

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