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La vengeance à tire-d’aile

Lausanne
Opéra
12/21/2018 -  et 23, 27*, 28, 30, 31 décembre 2018
Johann Strauss : Die Fledermaus
Stephan Genz (Gabriel von Eisenstein), Eleonore Marguerre (Rosalinde), Björn Bürger (Dr Falke), Lamia Beuque (Prince Orlofsky), Marie Lys (Adèle), Jean-François Borras (Alfred), Jean-François Vinciguerra (Frank), Pier-Yves Têtu (Dr Blind), Yuki Tsurusaki (Ida), Shin Iglesias (Frosch)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Jacques Blanc (préparation), Sinfonietta de Lausanne, Frank Beermann (direction musicale)
Adriano Sinivia (mise en scène et scénographie), Arnaud Pontois-Blachère (assistant à la mise en scène), Enzo Iorio (décors et costumes), Fabrice Kebour (lumières), Konethong Vongpraseuth (chorégraphie)


(© Alan Humerose)


La nouvelle production de La Chauve-Souris à l’Opéra de Lausanne n’aura jamais aussi bien porté son nom. Le spectacle est en effet parsemé de numéros d’acrobates aériens, dont un est affublé de deux grandes ailes noires. La plus célèbre opérette de Johann Strauss est un classique des fêtes de fin d’année. Le metteur en scène Adriano Sinivia en a conçu une production originale et déjantée, qui fourmille d’idées : dans la demeure du couple Eisenstein, les objets se déplacent, qu’il s’agisse du frigo, du lit ou d’une table, la servante Adèle vit dans une minuscule mansarde qui descend des cintres, un danseur se lance dans un numéro de claquettes, l’amant de Rosalinde arrive par la cheminée, comme d’ailleurs le chef de la prison, et le prince Orlofsky est un transsexuel qui joue les vamps extravagantes. Pour Adriano Sinivia, le moteur de l’action est le Docteur Falke : celui-ci ourdit un plan machiavélique pour se venger d’avoir été humilié par son ami Eisenstein, qui l’a contraint à traverser la ville déguisé en chauve-souris, à la vue de tous. Un figurant a d’ailleurs le visage grimaçant et les lèvres rouges du Joker de Batman, c’est dire si la vengeance sera terrible. Et Falke lui-même, interprété par Björn Bürger, est ici un personnage lisse, froid et cérébral, symboliquement habillé tout en blanc. Pour permettre au public de bien comprendre l’intrigue, les dialogues sont en français ; ils ont d’ailleurs été actualisés, avec de nombreuses références à Lausanne et à sa région, mais heureusement sans trop de lourdeurs. Une réussite à tous points de vue.


La distribution est parfaitement homogène et très investie scéniquement. Stephan Genz est un Eisenstein élégant et nonchalant, qui ne perd pas son flegme même lorsqu’il est acculé à reconnaître ses tromperies devant sa femme. Rosalinde, interprétée par une Eleonore Marguerre à la voix ample et corsée, ne se départit jamais, elle non plus, de son insouciance. Marie Lys incarne une Adèle gracieuse et lumineuse. En Alfred pataud, Jean-François Borras joue la caricature du ténor italien, entonnant les plus grands airs du répertoire, d’« Esultate » à « Nessun dorma », en passant par « La Donna è mobile ». En directeur de prison, Jean-François Vinciguerra parodie James Bond, alors que l’Orlofsky de Lamia Beuque est un prince cynique et complètement désabusé. Un bémol toutefois : la fosse ne distille pas toute la légèreté et la vivacité de la musique de Johann Strauss.



Claudio Poloni

 

 

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