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«Toi, tu n’es pas une pianiste... Tu es une musicienne» (Georges Cziffra)

Paris
Salle Cortot
12/09/2018 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ré mineur, K. 385g [397] – Sonate pour piano n° 10, K. 300h [330]
Claude Debussy : L’Isle joyeuse
Frédéric Chopin : Nocturne en ut # mineur, opus 27 n° 1
Robert Schumann : Widmung, opus 25 n° 1 (arrangement Liszt, S. 566)
Franz Schubert : Ständchen, D. 957 n° 4 (arrangement Liszt, S. 560/7)
Richard Wagner : Isoldes Liebestod (arrangement Liszt, S. 447)
Franz Liszt : Harmonies poétiques et religieuses, S. 173: 10. «Cantique d’amour»

Isabelle Oehmichen (piano)


I. Oehmichen


Invitée par l’association A&A «Autour du Piano», Isabelle Oehmichen, très appréciée du public comme en témoignait la salle Cortot pleine à craquer, présentait un récital à dominante romantique avec une volonté joliment démontrée que le piano est essentiellement un instrument chantant et dans lequel culminaient notamment quelques-unes des plus belles transcriptions lisztiennes.


La pianiste traduit à merveille les états d’âmes de la Fantaisie en ré mineur de Mozart, alliant recueillement, confessions, volte-face et imprévisibilités de cette œuvre qui préfigure les interrogations existentielles de la génération romantique. Fraîche et lumineuse, la Sonate K. 330, d’une apparente simplicité, s’exprime dans toute sa candeur, avec un toucher très clair, de belles respirations. L’Andante cantabile nous émeut particulièrement par son élocution très inspirée, comme une superbe aria qu’il pourrait être.


Isabelle Oehmichen opère un changement de décor stylistique et chronologique radical en programmant, après ces pages de Mozart, l’une des œuvres les plus flamboyantes de Debussy. Plus incisive, comme un trait à la plume, que peinte à l’aquarelle, L’Isle joyeuse crépite de tous ses débordements dionysiaques, scintille d’ardeur et de soleil, comme dans une urgence.


Nous retrouvons, avec le Nocturne opus 27 n° 1 de Chopin et les arrangements de Liszt le grand art vocal de la pianiste que nous lui connaissons bien. Les parties supérieures sont timbrées, amples et éloquentes, les accompagnements magnifiquement dosés. Isabelle Oehmichen prend le temps de respirer, de nuancer, en un mot de déclamer avec souplesse, éloquence et lyrisme ces mélodies célèbres qui nous plongent dans le cœur de l’expression romantique.


Empoignée avec passion, Isolde livre son dernier combat non sans une certaine violence. Il faut dire que l’écriture lisztienne, bien qu’indiquant pendant la première moitié de l’œuvre des nuances dolcissimo, pianissimo... demande au pianiste une réserve dynamique considérable pour affronter l’épisode crucial, triplement forte, dans une écriture en accords répétés proprement démoniaque. Saisissante, malgré un instrument qui semblait atteindre ses limites, l’interprétation d’Isabelle Oehmichen bouleversa le public.


Rarement joué en concert, le «Cantique d’amour» s’exprime dans une grande noblesse, une grande sincérité. Déclamé amplement, avec de belles suspensions agogiques, le thème circule à travers les arpèges qui l’habillent, donnant quasiment l’impression d’une écriture à trois mains, dans une expression très humaine.


Deux Nocturnes de Chopin, offerts en bis et dans lesquels la pianiste excella, concluaient ce récital rempli de charme et de vérités musicales.



Christian Lorandin

 

 

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