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Haitink au sommet Paris Théâtre des Champs-Elysées 10/24/2001 - et 27 octobre 2001 Richard Strauss : Quatre derniers Lieder Gustav Mahler : Symphonie n° 6 Melanie Diener (soprano) Orchestre national de France, Bernard Haitink (direction)
Le secret pour réussir l’ultime œuvre de Richard Strauss consiste à ne pas forcer. Jouer toutes les notes bien sûr, et beaucoup sont difficiles !, mais sans jamais forcer sinon le charme mélancolique et l’atmosphère automnale du cycle s’évanouissent instantanément. Melanie Diener possède une voix ample et souple, rarement mise en défaut par les redoutables difficultés d’écriture de Strauss, et qui n’a surtout pas besoin de se déployer à pleine gorge pour atteindre l’aigu. On pense à Elisabeth Schwarzkopf, interprète superlative de cette pièce. Bernard Haitink sait ne jamais s’imposer, l’Orchestre national sait murmurer à notre oreille, ses solistes sont parfaits et ne se mettent pas en avant (le cor à la fin du deuxième lied, le violon au milieu du troisième). Un miracle.
L’Orchestre national de France n’est certes pas la formation symphonique idéale pour la Sixième de Mahler, il manque de densité dans le registre grave notamment, mais dans un jour de grande forme et, surtout, dirigé par l’un des plus grands mahlériens actuels, il nous emmène jusqu’au bout de cette œuvre titanesque (là, il faut savoir forcer, appuyer, prendre la matière à bras le corps !). Mais la finesse des traits du National met en valeur l’acuité de la lecture de Haitink, sa clarté polyphonique, la précision de ses attaques, la construction de ses crescendos, l’éclat de ses fortissimos. Saisissant parfaitement la dimension héroïco-tragique de la symphonie, Bernard Haitink crée un arc et une tension de la première à la dernière note. Certainement l’un des grands concerts de la saison. Séance de rattrapage samedi 27.
Philippe Herlin
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