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Coup double

Paris
Palais Garnier
10/29/2018 -  et 30, 31 octobre, 1er, 2*, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14 novembre 2018
«Hommage à Jerome Robbins»
Afternoon of a Faun [1] – A Suite of Dances [2] – Fancy Free [3] – Glass Pieces [4]

Jerome Robbins [1 à 4] (chorégraphie), Claude Debussy [1], Johann Sebastian Bach [2], Leonard Bernstein [3], Philip Glass [4] (musique)
Jean Rosenthal [1], Oliver Smith [3], Jerome Robbins, Ronald Bates [4] (décors), Irene Sharaff [1], Santo Loquasto [2], Kermit Love [3], Ben Benson [4] (costumes), Jennifer Tipton [1 à 4] (lumières)
Mathias Heymann/Germain Louvet*/Hugo Marchand [1] (Le Faune), Amandine Albisson/Léonore Baulac*/Myriam Ould-Braham [1] (La Nymphe), François Alu/Mathias Heymann/ Hugo Marchand/Paul Marque* [2] (soliste), Valentine Colasante*/Alice Renavand/Muriel Zusperreguy [3] (Première femme [red bag]), Stéphane Bullion, Karl Paquette, François Alu/Alexandre Gasse*, Paul Marque*, Alessio Carbone*/Axel Magliano, Mathieu Contat, Adrien Couvez [3] (Hommes), Eleonora Abbagnato/Dorothée Gilbert*/Eve Grinsztajn [3] (Deuxième femme), Aurélia Bellet/Roxane Stojanov* [3] (Troisième femme), Alexandre Carniato/Francesco Vantaggio* [3] (Le barman), Laura Hecquet*/Ludmila Pagliero/Sae Eun Park [4] (Soliste femme), Stéphane Bullion*/Florian Magnenet [4] (Soliste homme)
Sonia Wieder-Atherton (violoncelle), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Valery Ovsyanikov (direction musicale)


On the Town (© Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)


Hommage à Robbins, certes, mais aussi à Bernstein né comme lui en 1918, avec l’entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris (BOP) de Fancy Free, œuvre de jeunesse des deux Américains. Donc coup double pour deux centenaires!


La saison du BOP avait-elle vraiment commencé avec la visite de la Martha Graham Dance Company en septembre, suivie en octobre d’une appropriation un peu ratée de Decadance de Ohad Naharin, présent à Paris pour un plus large hommage rendu par le Théâtre de Chaillot? C’est le message que semblait donner l’Opéra en programmant le défilé du Corps de ballet qui, traditionnellement, ouvre la saison du Ballet, en préambule des deux premières représentations de ce programme en hommage au chorégraphe américain Jerome Robbins. Défilé un peu particulier car il était le dernier pour deux danseurs étoiles: Karl Paquette, qui partira à la retraite ce 31 décembre, et Josua Hoffalt qui, blessé, n’avait pas dansé depuis une saison et quitte la compagnie avant l’âge limite dans la discrétion la plus totale, ce défilé étant la dernière apparition. Deux places de danseurs étoiles seront donc vacantes en 2019...


Jerome Robbins est largement présent au répertoire du BOP avec seize pièces dont il a, pour la plupart, assuré la création parisienne au cours d’un séjour prolongé en France dans les années 1990, avant sa disparition en 1998. Fancy Free (1944) est la dix-septième à y entrer, grâce à son maître de ballet américain, Jean Pierre Fröhlich, du Jerome Robbins Trust, qui a réglé l’ensemble de la soirée. Coup d’essai génial des jeunes Robbins et Bernstein fraîchement débarqués à New York dans une Amérique en guerre, elle était un pur produit de l’air du temps avec comme argument la journée à Manhattan de trois jeunes permissionnaires de la Navy essayant de séduire trois jeunes femmes avec danses, cabrioles, bagarres, dans un bar et une rue de la ville. A la création au Metropolitan Opera, Robbins y dansait le troisième marin. Son succès fut tel que les deux compères en firent plus tard un musical, On the Town, qui précéda le succès planétaire de West Side Story Bien qu’ils aient totalement intégré l’esprit de l’œuvre, les six jeunes interprètes qui assuraient la deuxième distribution de ces représentations n’avaient pas la fluidité et l’énergie requises, qui semblent avoir été présentes chez les danseurs étoiles ayant assuré les premières.


Le BOP n’a que l’embarras du choix pour réaliser des soirées entièrement ou partiellement consacrée à Robbins. La dernière, en 2016, qui comportait une pièce de Benjamin Millepied, alors directeur de la danse, et trois pièces romantiques de Robbins (En Sol, In the Night, The Concert), a fait l’objet d’une captation publiée par Bel Air en un Blu-ray (ou DVD) collector richement illustré. Cet hommage, légèrement différent, reprenait A Suite of Dances, pièce magique créée en 1994 pour Mikhaïl Baryshnikov sur des danses des Suites pour violoncelle seul de Bach et dont, sur cette scène, Nicolas Le Riche a été un interprète inoubliable. Si le premier danseur Paul Marque reprend le flambeau plus modestement mais avec beaucoup de grâce, d’humour et une belle technique, on n’en dira pas autant de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton,dont la présence sur scène paraissait un luxe absolu mais le son épais et la prestation paresseuse étaient plutôt décevants.


Le meilleur moment de la soirée dans cette deuxième série de représentations était l’inusable Afternoon of a Faun (1953), où l’argument de Nijinsky sur la musique de Debussy est transposé dans un studio de danse et dans lequel les jeunes danseurs étoiles Léonore Baulac et Germain Louvet étaient parfaits tant pour le style que pour la grâce et le mystère apportés à cette étonnante chorégraphie à l’éternelle longévité.


La soirée s’achevait par Glass Pieces (1983), exercice d’une grande complexité convoquant sur des musiques de Philip Glass deux solistes et une grande partie de la compagnie, et dans laquelle la géométrie des lignes chorégraphiques se calque sur celle de la musique répétitive. Il nous a semblé que bien que parfaitement réglé, l’ensemble n’avait pas la perfection qui le caractérisait lors des dernières reprises.


Soirée inégale donc tant par la danse que par la musique car, si la fraction de l’Orchestre de l’Opéra de Paris présente dans la fosse sous la direction du chef russe Valery Ovsyanikov, qui y revenait après des Don Quichotte en 2017, a montré une belle dynamique dans la musique de Bernstein, elle semblait moins motivée pour exalter la magie debussyste et un peu en retrait de la perfection que demande les partitions de Glass.



Olivier Brunel

 

 

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