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Corinthe, hier et aujourd'hui Lyon Opéra de Lyon 10/06/2001 - Gioachino Rossini : Le Siège de Corinthe Michele Pertusi (Mahomet II), Stephen Mark Brown (Cléomène), Darina Takova (Pamyra), Marc Laho (Néoclès), Christophe Fel (Hiéros), Gérard Bourgoin (Adraste), Paul Gay (Omar), Hélène Obadia (Ismène) Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon, Maurizio Benini (direction)
Il est indispensable de prévoir pour cette production, une tournée au Metropolitan Opera. Le sujet est d’actualité, même s’il est daté de 1458 et qu’il s’attache à certains événements du XIXe siècle (le siège de Missolonghi) : « Les Turcs, sous la conduite du sultan Mahomet II, assiègent la ville grecque de Corinthe. Cléomène, gouverneur de la cité, consulte ses hommes : faut-il tenir ? Faut-il se rendre ? Néoclès, jeune officier, refuse toute idée de reddition et galvanise le camp grec. » L’enjeu est lié à Pamyra, fille de Cléomène, qui était précédemment tombée amoureuse par hasard de Mahomet II. Renonçant à l’avantage de ce lien elle se sacrifie par patriotisme, mais Corinthe tombe et Pamyra se poignarde.
Créé à Naples le 3 décembre 1820 au Théâtre San Carlo de Naples, sur un livret tiré de Cesare Della Valle, Maometto secondo sera remanié pour devenir Le Siège de Corinthe et connaître une seconde création, parisienne, en octobre 1826.
Comme souvent à l’Opéra de Lyon, la mise en scène est de meilleure qualité qu’ailleurs, et ici elle sert particulièrement bien la pièce. Cohérente tant du point de vue esthétique que dramatique, elle n’est jamais un obstacle et lie ingénieusement le champ de bataille grec au camp turc. Elle est d’autant plus efficace que les chanteurs évoluent à l’égal de véritables acteurs. Comme la scénographie, les décors et les lumières se signalent par leur adéquation et leur intelligence. Chaque personnage est bien caractérisé vocalement et théâtralement. Darina Takova fait merveille avec une voix riche en harmonique qui délivre des traits sans problème. Excellente comédienne, elle campe une Pamyra crédible malgré certaines recettes imposées par la machine rossinienne. Mahomet, comme Hiéros, est imposant, vocalement et gestuellement. Le couple Amour - Guerre est redoublé par la partition, entre finesse et sentiment, et formules massives, répétées à la manière des musiques cérémonielles. Au pas de course, dû à l’urgence de la situation, on passe de l’un à l’autre. On retrouve toujours avec plaisir l’orchestre de l’Opéra, agile, précis, énergique et parfaitement rôdé. On se prend à rêver de tels atouts dans une œuvre de Haydn, rarement au programme des opéras, pas plus ici qu’ailleurs.
Frédéric Gabriel
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