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Transmission Geneva
Victoria Hall
10/26/2018 - et 22 (Hamburg), 23 (Nürnberg), 24 (Stuttgart), 25 (Zürich) octobre 2018
Ernest Bloch: Hiver - Printemps
Max Bruch: Concerto pour violon n° 1, opus 26
Johannes Brahms: Symphonie n° 4, opus 98
Pinchas Zukerman (violon)
Rotterdams Philharmonisch Orkest, Lahav Shani (direction)
P. Zukerman (© Cheryl Mazak)
Quand on sait à quel point les agendas des musiciens et des orchestres sont remplis à l’avance, c’est un “coup” des Migros Classics d’avoir réussi à faire venir l’Orchestre philharmonique de Rotterdam et son nouveau directeur musical Lahav Shani pour leur première tournée à l’étranger. En peu de temps, le jeune chef israélien est devenu, en plus de son orchestre de Rotterdam, le premier chef invité du Symphonique de Vienne et surtout le successeur de Zubin Mehta à la tête de l’Orchestre philharmonique d’Israël (voir ci).
Le poème symphonique Hiver - Printemps d’Ernest Bloch est une œuvre bien orchestrée avec quelques moments agréables mais son développement est un peu mince. Il semble difficile de croire qu’était donnée la première exécution de La Mer de Claude Debussy à la même époque.
Petite devinette pour mélomane : quel point commun existe-t-il entre Ernest Bloch et Max Bruch ? ils ont tous deux écrit des œuvres pour violoncelle d’inspiration juive. Bloch a écrit Schelomo tandis que Bruch a composé un Kol Nidré... que l’on ne joue pas assez. C’est le célébrissime Premier Concerto pour violon qui était au programme pour cette soirée. Pinchas Zukerman a maintenant une abondante chevelure blanche et certains des traits rapides n’ont peut-être plus l’assurance qu’ils avaient dans sa jeunesse. Mais dans l’Adagio central, le cantabile du violon et surtout la richesse de sa sonorité font juste merveille et rappellent ce que faisait dans la même œuvre son professeur Isaac Stern.
Très applaudi, Pinchas Zukerman s’adresse au public pour évoquer le plaisir qu’il a à revenir après tant d’années à Genève et surtout fait un éloge marqué de Lahav Shani. Le temps d’installer un piano sur scène et les deux artistes nous donnent en bis le Scherzo de la Septième Sonate de Beethoven. Il y a quelques décennies, le complice de Zukerman dans ces mêmes œuvres était... Daniel Barenboim, que Lahav Shani a justement invité en tant que soliste pour sa première soirée à Rotterdam en tant que directeur musical.
Le public genevois a pu déjà entendre Lahav Shani à la tête de l’OSR en tant que chef invité, ce qui n’est pas la même chose que de l’entendre avec « son orchestre ». Contrairement à d’autres chefs qui découvrent Victoria Hall, il en connaît les défis et adopte la même disposition que celle demandée par Jonathan Nott pour l’OSR: violoncelles à gauche entre premiers violons et altos. Le son est équilibré et compact. Les cordes sont un peu minces par moment mais Shani apporte un soin aux tutti et les contrechants, si importants chez Brahms, sont très travaillés. Il ne cherche pas un legato parfois un peu artificiel comme le pratiquait un Karajan mais trouve des longues lignes dynamiques comme le faisait à sa manière un Furtwängler ou comme le fait de nos jours un Barenboim. Les phrasés de l’Andante moderato sont de toute beauté, l’Allegro giocoso, sommet de la soirée, et le finale Allegro energico e passionato ont la marque de la jeunesse. Voici une lecture pleine de vigueur et de force d’un Brahms sans longue barbe blanche.
Il sera passionnant de voir comment Shani va continuer à se développer et quelle joie de voir une nouvelle génération de musiciens se développer et reprendre le flambeau avec un tel panache.
La saison des concerts Migros Classics se poursuivra avec la venue à Genève des Barocchisti. Marc Minkowski dirigera Mozart avec les Musiciens du Louvre. Il sera possible d’entendre Tan Dun diriger ses propres œuvres avec l’Orchestre symphonique de Guangzhou, une occasion unique à ne pas manquer. 2019 permettra d’entendre le Concerto Köln et Giuliano Carmignola. Sakari Oramo dirigera l’Orchestre philharmonique royal de Stockholm et Leonidas Kavakos l’Orchestre de chambre d’Europe. La saison se conclura avec la première venue à Genève de Mirga Grazinytė-Tyla à la tête du City of Birmingham Symphony Orchestra avec Yuja Wang en soliste. De bien nombreuses raisons de revenir à Victoria Hall.
Antoine Lévy-Leboyer
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