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Britten Pride

Paris
Opéra National de Paris Bastille
10/10/2001 -  13, 16*, 19, 23 et 25 octobre
Benjamin Britten : Billy Budd
Philip Langridge(Edward Fairfax Vere), Bo Skovhus(Billy Budd),Gidon Saks (John Claggart), David Wilson-Johnson (Mr. Redburn), Paul Whelan (Mr. Flint), Stephen Richardson (Lieutenant Ratcliffe), Frank Egerton (Red Wiskers), Malcolm Mackenzie (Donald), Gabor Andrasy (Dansker), Toby Spence (Novice), Steven Cole (Squeak), Stéphane Degout (Marin)
Francesca Zambello (mise en scène), Alison Chitty (décors et costumes), Alan Burrett (lumières)
Orchestre et choeurs de l'Opéra National de Paris, Gary Bertini (direction)

Après un Peter Grimes mémorable et un Tour d'Ecrou qui fut le véritable évènement d'Aix, Britten serait-il devenu le musicien du siècle passé sur lequel les lyricomane se jettent désormais avec le plus d'appétit ? Retour bienvenu, par conséquent, d'une des meilleures productions au répertoire de Bastille, et du spectacle le plus nuancé sans doute (donc, le plus puissant) réalisé par Francesca Zambello. Etrangement, la publicité autour de cette reprise s'est essentiellement faite autour de la fantasmagorie gay véhiculée par l'œuvre. Si cette composante est ici plus avouée que dans d'autres opéras de Britten, ce n'est pas pour autant celui où elle semble la plus fondamentale, et elle ne devrait pas masquer des thèmes tout aussi importants : l'absurdité d'un destin qui conduit les hommes à s'entretuer, et la tentation de lui donner un sens par les valeurs suprêmes de la justice et du devoir. Ce n'est pas Gary Bertini qui nous ouvrira cette autre dimension, tant les retrouvailles s'avèrent tristounettes. Arriver ainsi à vider chaque phrase de son poids dramatique, à rendre illisible les structures musicales très fermes voulues par Britten et à ternir les couleurs d'un orchestre qui n'en est habituellement pas avare tient du prodige ; à moins que l'absence prolongée de chefs compétents ne finisse par éprouver aussi la cohésion des musiciens ? Heureusement, le plateau se montre à la hauteur de l'enjeu, exception faite du Claggart sans relief de Gidon Saks. Langridge est formidable de classe et bouleversant d'implication en Captain Vere, le novice de Toby Spence une révélation par la beauté du timbre et la pureté du phrasé - le couple qu'il forme avec le marin de Stéphane Degout, faisant lui aussi de beaux débuts in loco, atteint pour une fois la dimension éphébo-sulpicienne rêvée par Forster, tous les seconds rôles s'avérant également parfaits. Bo Skovhus, malgré sa très belle allure, a dépassé l'âge idéal du rôle titre, et la façon dont il souligne la gaucherie naïve de Billy vire parfois au cabotinage, loin du naturel parfait d'un Rodney Gilfry. Restent l'éclat du timbre (et l'art de doser les mezza voce pour le faire ressortir avec plus d'impact encore), l'intelligence musicale qui culmine dans un air final parmi les plus beaux jamais entendus, et ne s'incline guère que devant Hampson.


Vincent Agrech

 

 

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