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Programme à climax Paris Théâtre des Champs-Elysées 10/05/2018 - et 21 (Merano), 22 (Verona), 23 (Udine), 24 (Gent), 30 (London) septembre 2018 Richard Wagner : Tristan und Isolde: Prélude et Mort d’Isolde
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)
E.-P. Salonen (© Aline Paley)
Les admirateurs d’Esa-Pekka Salonen attendent toujours avec grande impatience le rendez-vous annuel au Théâtre des Champs-Elysées quand il vient avec le Philharmonia. Cette fois avec un programme entièrement germanique. L’entente entre le chef finlandais Esa-Pekka Salonen et le britannique Philharmonia Orchestra est en train, au fil des saisons, de devenir une légende. Parfois ils proposent des programmes un peu conventionnels ou répétitifs. Celui de cette tournée suit un fil conducteur évident avec trois œuvres ayant joué un rôle précurseur dans la musique moderne, de Wagner, Schönberg et Bruckner.
Il est toujours un peu étrange sur le strict plan du volume sonore d’entendre l’orchestre des opéras de Wagner joués sur une scène. Le Prélude de Tristan, plus que la «Mort d’Isolde», perd un peu de sa magie sonore hors de la fosse. Mais venant raviver les souvenirs de ses Tristan à l’Opéra Bastille en 2005 (magie jamais égalée par les chefs lui ayant succédé dans la production de Peter Sellars et Bill Viola, Gergiev, Bychkov et Jordan), on était ravi par cette science unique des dosage des plans sonores, cet art des couleurs et le sang-froid avec lequel il mène à son terme ce raccourci orchestral de l’opéra qui ne frustre pas l’auditeur de n’en entendre que le début et la fin.
La Nuit transfigurée de Schönberg perd un peu de son mystère dans la version pour orchestre à cordes mais Salonen s’appliquait à en détailler la structure pour faire sonner son intimité et toute sa modernité. Plat de résistance du concert et d’intérêt, car Bruckner ne figure que depuis peu au répertoire assez restreint de Salonen, la Septième Symphonie, jouée dans la version Novak, était traitée comme l’œuvre encore romantique qu’elle est, pleine de références à Wagner, mais annonçant déjà les grandes arches des deux dernières symphonies. Les qualités instrumentales du Philharmonia éclatent tout au long des quatre longs mouvements. Les cuivres particulièrement, avec un savant dosage (Salonen fait déplacer le tuba pendant la symphonie), et on admire aussi la cohésion des cordes. L’ampleur fascinante des tempi, la mise en évidence de certains rythmes souvent enfouis dans la masse sonore, tout concourait à privilégier la fête sonore qu’est cette œuvre. Autre fil conducteur du concert, Salonen a mené les climax qui caractérisent ces trois œuvres avec une science orchestrale magistrale qui fait de lui le très grand chef d’orchestre de ce siècle.
Olivier Brunel
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