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Spectaculaire

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Mörbisch am See
07/12/2018 -  et 13, 14, 19, 20, 21, 23, 26, 27, 28 juillet, 2, 3, 4, 9, 10, 11, 16, 17, 18, 23*, 24, 25 août 2018
Emmerich Kálmán : Gräfin Mariza
Vida Mikneviciūtė/Julia Koci* (Gräfin Mariza), Horst Lamnek (Fürst Populescu), Christoph Filler/Andreas Sauerzapf* (Baron Koloman Szupàn), Roman Payer*/Alexander Geller (Graf Tassilo), Rinnat Moriah*/Katerina von Bennigsen (Lisa), Julian Looman (Karl Stephan Liebenberg), Melanie Holliday (Fürstin Bozena Cuddenstein), Franz Suhrada (Penizek), Verena te Best (Ilka), Peter Horak (Tschekko), Mila Janevska (Manja), Ondrej Janoska (Der Geiger, Ein Zigeuner), Ballett der Seetfestspiele Mörbisch
Chor der Seetfestspiele Mörbisch, Walter Zeh (chef de chœur), Festival Orchester Mörbisch, Guido Mancusi (direction musicale)
Karl Absenger (mise en scène), Manfred Waba (décors), Karin Fritz (costumes), Johanna Bodor (chorégraphie), Jürgen Erntl (lumières)


J. Koci, O. Janoska (© Jerzy Bin)


Les Seefestspiele de Mörbisch fêtent leur soixante ans avec l’opérette La Comtesse Mariza d’Emmerich Kálmán, sixième production de leur histoire, qui restera mémorable par son étonnant décor et ses prouesses technologiques.


Parmi les festivals thématiques comme Wagner à Bayreuth, Rossini à Pesaro, Lehár à Bad Ischl, celui de Mörbisch dans le Burgenland autrichien se consacre exclusivement à l’opérette autrichienne. Situé dans le village vigneron de Mörbisch am See au bord du lac Neusiedler qui marque la frontière avec la Hongrie, il a une situation idéale car proche de Vienne et offrant beaucoup de possibilités touristiques comme Eisenstadt et son château Esterházy, la ville frontalière de Sopron en Hongrie et l’immense plaine magyare ou Parc naturel de Hortobágy.


Ce festival qui se déroule sur les deux mois de l’été accueille 6000 spectateurs cahque soir, soit plus de 150000 par saison dans des gradins très bien frontalement disposés face à une scène géante qui, comme à Bregenz, flotte sur le lac. Le public est, comme l’opérette, très populaire et familial. Parmi les célébrités qui en ont fait partie cette année, on a pu y voir Anna Netrebko, Michael Volle et Yvonne Kálmán, fille du compositeur. Cette année, une version raccourcie de l’œuvre a été réalisée pour les enfants. Autre innovation due à l’internationalisation du festival – il a fait cette année une tournée en Corée avec La Chauve-Souris – la diffusion de sous-titrages sur les smartphones (qui ne semblait pas fonctionner le soir de notre visite).


Cette saison est la première du nouveau directeur artistique, le baryton Peter Edelmann (fils de la basse Otto Edelmann), qui y fit ses débuts en 1993 en comte Danilo et qui succède à la soprano Dagmar Schellenberger. Son premier acte, spectaculaire, aura été de commander à Manfred Waba une scénographie extraordinaire qui restera dans les annales du festival. Un immense violon de 45 mètres de longueur sur 14 mètres de hauteur domine la scène sans obstruer le magnifique paysage lacustre qui l’environne. Dès l’Ouverture jouée, le violon s’ouvre pour laisser place à un opulent décor multifocal qui permet à l’action de se dérouler dans les différents lieux du palais hongrois de la comtesse Maritza. Cette vaste scénographie n’est pas sans inconvénient car même assez proche de la scène, on ne perçoit pas l’expression des visages et la sonorisation des voix ne permet pas une spatialisation efficace. Il faudrait probablement ajouter des écrans géants à ce dispositif.


Créée à Vienne en 1924, cette opérette qui combine le style classique austro-hongrois, avec les deux tubes incontestables que sont «Grüss mir die süssen, die reizenden Frauen im schönen Wien» et «Komm, Zigàny», et des numéros dignes du musical américain naissant, tel «Ja heut um zehn sind wir im Tabarin», était par sa partie dialoguée violemment satirique de la société de son époque. Il est intéressant de comparer la dernière production de 2004, datant de l’ère de vingt ans d’intendance de Harald Serafin, Kammersänger viennois et directeur du Volksoper de Vienne, pour voir que quatorze ans plus tard, la partie purement théâtrale et donc satirique a été sacrifiée au profit du spectaculaire qui, certes coexiste dans l’œuvre mais est hypertrophié, tirant l’opérette vers le musical à grand spectacle. Les personnages très pittoresques sont édulcorés, particulièrement le prince Populescu (ici pâlement joué par Horst Lamnek), dans lequel Serafin reste inoubliable en 2004, et la tante de Tassilo, la princesse Bozena Cuddenstein zu Clumetz, à qui revient au troisième acte le coup de théâtre qui résout l’action, adaptée ici en Américaine.


Musicalement, la réalisation est parfaite, avec un orchestre brillant dirigé par Guido Mancusi et une double distribution dont nous avons pu voir Julia Koci, membre du Volksoper, impeccable dans l’épuisant rôle-titre (car sur scène quasiment toute la soirée), Roman Payer, très séduisant comte Tassilo, sa sœur Lisa délicieusement campée par Rinnat Moriah, et Andreas Sauerzapf un peu léger scéniquement dans le varon Koloman Zsupàn. Dans les rôles de caractère, Franz Suhrada (Penizek), acteur de la série culte télévisée Tohuwabohu et habitué du Volksoper, et la truculente princesse Bozena de Melanie Holliday.


Le spectaculaire devait beaucoup à la chorégraphie de Johanna Bodor avec d’épatants tableaux dont les csárdás et le cabaret Tabarin étaient les clous grâce à l’ajout d’une musique de ballet empruntée à La Duchesse de Chicago, autre succès de Kálmán. Impressionnant final avec un véritable feu d’artifice et des jeux d’eau parfaitement synchronisés avec la musique. On l’a dit, le désir de spectaculaire l’emportait dans cette très vivante mise en scène de Karl Absenger magnifiquement illustrée par les costumes admirables de Karin Fritz.


Les prochains Seefestspiele seront consacrés au Pays du sourire, grand classique de Franz Lehár, du 11 juillet au 24 août 2019, et le DVD de La Comtesse Mariza est disponible en ligne sur le site du festival.


Le site du Festival de Mörbisch



Olivier Brunel

 

 

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