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Papillons pianistiques

Oviedo
Museo de Bellas Artes
08/02/2018 -  
Felix Mendelssohn : Lieder ohne Worte (2. Heft), opus 30
David del Puerto : Seis caprichos sin titulo
Robert Schumann : Papillons, opus 2
Jesús Rueda : Sonate n° 5 «The Butterfly Effect»

Noelia Rodiles (piano)


N. Rodiles (© Stéphane Guy)


Dans le cadre de l’une des deux petites cours couvertes du Musée des Beaux-Arts d’Oviedo (constitué de deux vieilles maisons contiguës), la jeune pianiste Noelia Rodiles, née en 1985 et formée à Avilés, Madrid et Berlin, proposait un récital d’une heure consacré à deux compositeurs romantiques et à deux créations contemporaines, sous les yeux et surtout les oreilles de leurs auteurs.


De Felix Mendelssohn (1809-1847), on entendit tout d’abord le Deuxième Cahier de ses Romances sans paroles de 1834. D’emblée, on est frappé par la rigueur des tempos de la pianiste, celle-ci n’excluant en rien une extrême sensibilité. Elle fait preuve autant de gaîté que de naturel dans la deuxième romance tout en sachant être grave dans la troisième. On est impressionné de bout en bout par son toucher aussi sûr que varié, une grâce fort éloignée de toute mièvrerie. Dans la dernière, le «Chant du gondolier vénitien», la pianiste manifeste même une classe et une musicalité peu communes.


Si ces Romances n’avaient pas de paroles, les Six Caprices (2017) de David del Puerto (né en 1964) qui suivaient n’avaient pas... de titre, officiellement. Le début, à l’énergie débordante, faisait curieusement penser par son martèlement un brin jazzy à Nikolaï Kapoustine, pourtant si différent, tandis que la cinquième pièce lorgnait du côté de Chostakovitch et le Largo paraissait inspiré par Debussy. L’ensemble de l’ambitus du clavier était en tout cas fortement sollicité et la pianiste démontra une maîtrise du son absolument remarquable tout au long de cette pièce exigeante de 8 minutes, surtout dans ces lieux à l’excessive réverbération. Elle domina sans problème un ultime caprice très staccato et ornementé particulièrement complexe.


Elle interpréta ensuite, sans partition comme au début du concert, une page de jeunesse du grand contemporain de Mendelssohn, Robert Schumann (1810-1856): ses célèbres Papillons (1831). On put avoir l’impression paradoxale d’un excès de maîtrise, comme si le jeu de la pianiste était trop propre, trop réfléchi, dans ces pages pleines de foucades et de caprices. Mais en fait, la maturité de l’approche, la cohérence de la vision, finirent par nous convaincre qu’on était là en présence d’une grande interprète. Il fallait rendre les armes devant tant de sûreté, tant de couleurs, tant de délicatesse teintée d’ironie.


L’esprit du vagabondage se retrouvait dans la Cinquième Sonate (2017) de Jesús Rueda (né en 1961), élève de Luis de Pablo comme son confrère madrilène Del Puerto. Le pupitre fut alors à nouveau relevé pour accueillir la partition de cette création de 13 minutes fort intéressantes. Son premier volet évoquait explicitement le vent, le compositeur jouant alors sur les résonances du côté des aigus. D’une extrême poésie, il pouvait faire effectivement penser au vent faisant frémir les frondaisons de quelque eucalyptus des environs, aux feuilles vertes et argentées à la fois. Le deuxième volet, sorte de choral, était d’un recueillement tout à fait prenant tandis que le dernier, Perpetuum Mobile redoutable, ne laissait aucun repos aux doigts d’acier de la pianiste sans que celle-ci tombe jamais dans le piège de l’esbroufe ou la brutalité.


Le public obtint sans problème un bis original, quoique «limite» pour l’acoustique du patio : une Rhapsodie asturienne (1933), très lisztienne tout en récupérant beaucoup de thèmes populaires locaux, d’un certain Benjamín Orbón, compositeur du cru originaire d’Avilés, né en 1877 et mort exilé à La Havane en 1944.


Au total, le concert faisait ainsi à nouveau partie de ces belles surprises que nous réserve chaque année le festival d’Oviedo: un programme intelligent; une artiste remarquable. On ne pouvait regretter dans ces conditions que seule une centaine de personnes ait pu entrer dans le Musée des Beaux-Arts pour y assister.


Le site de Noelia Rodiles



Stéphane Guy

 

 

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