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Deux trios rares Verbier Eglise 07/30/2018 -
11 heures
Franz Schubert : Quatuor n° 12 «Mouvement de quatuor», D. 703
Béla Bartók : Quatuor n° 1, opus 7, Sz. 40
Robert Schumann : Quintette avec piano, opus 44 Jan Lisiecki (piano), Quatuor Michelangelo: Mihaela Martin, Daniel Austrich (violon), Nobuko Imai (alto), Frans Helmerson (violoncelle)
17 heures
Lucas Debargue : Trio avec piano
Johannes Brahms : Trio pour clarinette, violoncelle et piano, opus 114
Martin Fröst (clarinette), Kirill Troussov (violon), Kian Soltani (violonelle), Lucas Debargue (piano)
J. Lisiecki, M. Martin, N. Imai, F. Helmerson, D. Austrich (© Aline Paley)
Deux concerts de musique de chambre, spécialité la plus prisée du Festival de Verbier, ont marqué cette journée.
On est plus habitué à Verbier à entendre de la musique de chambre jouée par de très jeunes ensembles. Aussi découvrait-on avec plaisir le Quatuor Michelangelo, formation internationale dont les quatre membres sont au stade de maturité de leurs carrières. Après un Mouvement de quatuor de Schubert montrant une très belle cohésion de leur ensemble, ils ont joué avec une maîtrise étonnante et une grande virtuosité le techniquement redoutable Premier Quatuor de Bartók. Pour le Quintette avec piano de Schumann, ils avaient comme partenaire le pianiste canadien Jan Lisiecki, très présent au festival cet été. On avait entendu ce très jeune homme il y a deux ans et si sa technique lui permettait d’aborder sans problème des œuvres du grand répertoire, on avait noté un manque de maturité rédhibitoire à leur approche. Il a été entre-temps coopté par Deutsche Grammophon et très médiatisé mais ses enregistrements confirment cette impression. Sa participation irréprochable techniquement à ce Quintette n’en faisait pas un interprète chambriste remarquable mais au contraire très en retrait d’un quatuor plus engagé que lui dans son interprétation.
K. Troussov, L. Debargue, K. Soltani (© Lucien Grandjean)
L’après-midi voyait se presser à l’église un public très nombreux pour l’heure pour un concert au programme original. Le public fréquentant les concerts de l’église est généralement beaucoup plus jeune, enthousiaste et connaisseur, tout à fait à l’opposé de celui qui se presse le soir à la tente des Combins pour applaudir des gloires confirmées et des programmes plus convenus.
L’œuvre qui attirait à ce concert aurait pu être le rarement joué Trio pour clarinette, violoncelle et piano de Brahms. Ses trois interprètes en ont donné une version très convaincante très principalement grâce à la grande virtuosité du clarinettiste suédois Martin Fröst, pilier du festival.
Mais le grand attrait de ce concert était le Trio pour piano et cordes de Lucas Debargue. Le pianiste français l’a déjà joué à Moscou, au festival Pianoscope de Beauvais et à Paris à la Fondation Louis Vuitton. Il fait suite, dans sa jeune production de compositeur, à une Sonate pour violon et piano et une Sonate pour violoncelle et piano. S’il affiche résolument la tonalité et une structure bien découpée en quatre parties elles-mêmes subdivisées en séquences, c’est une œuvre d’une grande liberté rythmique aux influences autant françaises que jazz, parfaitement composée et qui constitue une excellente pièce de concert, propre à rivaliser avec les grandes œuvres du répertoire chambriste. Du piano, Lucas Debargue semblait «diriger» ses deux partenaires, Kirill Troussov et Kian Soltani, tous deux très engagés pour faire de cette création à Verbier un moment musical privilégié.
Olivier Brunel
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