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Une rentrée de classe Toulouse Halle aux Grains 10/04/2001 - Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin ; Concerto en sol ; Rhapsodie espagnole ; Alborada del Gracioso Frank Braley (piano), Orchestre National du Capitole de Toulouse, Michel Plasson (direction) Ce concert hors saison, réservé aux invités d’AIDA, groupement d’industriels et entreprises toulousains sponsorisant les activités de l’orchestre du Capitole, marquait la rentrée de Michel Plasson et de son orchestre.
On sait les affinités, largement démontrées, de Michel Plasson avec le répertoire français, et ce concert en fut une nouvelle preuve. La musique de Ravel semble même être devenue une seconde nature chez le chef qui trouvait d’instinct la délicatesse et l’élégance du Tombeau de Couperin ou les couleurs claires et vives de la Rhapsodie. Cette familiarité de style est telle qu’elle permettait même de ne remarquer qu’à peine le manque de précision de certains passages rythmiquement vétilleux, pas toujours d’une grande netteté. C’est là le prix de la décontraction et du naturel, le mouvement d’ensemble primant sur le détail de la ligne.
On doit cependant dire que l’orchestre du Capitole apportait à tout cela une sonorité légère et fine, plus acérée que fondue, une pointe d’acidité mordante et de sécheresse narquoise qui équilibrait heureusement cette direction plus généreuse qu’absolument rigoureuse.
Avec un Frank Braley très rythmique, ces qualités de direction et d’orchestre nous ont valu un Concerto en sol très “gershwinien”, aux cuivres gouailleurs. Après un premier mouvement de boîte à musique au détraquement ironique et mordant, l’adagio assai imposait un lyrisme distant et contenu, à l’émotion prenante mais bridée par le quant-à-soi pudique dont Ravel a toujours fait preuve, rendu sans sécheresse et sans complaisance étalée. Le final, seul, manquait un peu de ce cet entrain nerveux qu’on était en droit d’attendre, mais quel panache au piano!
Un Ravel lumineux, coloré, vif, et, à quelques légères réserves près -mais la perfection ravélienne et l’indulgence du critique sont-elles de ce monde?-, une très grande réussite de Michel Plasson dans un domaine pour lequel il possède l’instinct et le tempérament.
On ne peut qu’être curieux, après cette rentrée fort réussie, d’écouter la saison à venir de l’orchestre du Capitole. Au milieu d’une programmation assez hétérogène, mais qui s’annonce moins timorée que l’année passée, on peut retenir :
Les 18 et 19 octobre 2001, Le Requiem de Verdi, dirigé par Michel Plasson, à l’aise dans les grandes machines, même si la chorale de Bilbao s’est montré assez récemment d’un piètre niveau dans la Damnation de Berlioz ; Le 15 novembre 2001, le retour du Troll, Leif Segerstam, qui vient diriger le magnifique Kullervo de Sibelius ; Le 10 janvier 2002, Teresa Berganza sera-t-elle en voix dans un programme espagnol dirigé par Plasson ? Le 31 janvier 2202, on pourra faire confiance à Walter Weller et Laurent Korcia pour nous guider dans le Concerto N°2 de Bartok ; le 7 février, programmation américaine fort originale, à Toulouse tout au moins, avec Century Rolls d’Adam et la Symphonie Kaddish de Bernstein par Plasson ; À nouveau Plasson le 20 mars 2002, en compagnie d’Inva Mula, Yann Beuron et Ludovic Tézier, superbe trio vocal on ne le dira jamais assez, dans des extraits de Montségur de Landowski et L’Enfant prodigue de Debussy ; Le retour de Claus Peter Flor le 22 mai 2002 dans une 6° symphonie de Bruckner que l’on espère aussi réussie que son Chostakovitch (et alors, quelle soirée en perspective!);
Et bien d’autres, aussi, mais allez plutôt voir le site de l’orchestre, le lien est juste à votre droite!
Laurent Marty
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