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Bad Wildbad

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La face comique

Bad Wildbad
Königliches Kurtheater
07/13/2018 -  et 18, 22*, 26, 29 juillet 2018
Gioachino Rossini: L’equivoco stravagante
Antonella Colaianni (Ernestina), Giulio Mastrototaro (Gamberetto), Emmanuel Franco (Buralicchio), Patrick Kabongo (Ermanno), Eleonora Bellocci (Rosalia), Sebastian Monti (Frontino)
Górecki Chamber Choir, Mateusz Prendota (chef de chœur), Virtuosi Brunenses, José Miguel Pérez-Sierra (direction)
Jochen Schönleber (mise en scène, décor), Oliver Porst (lumières), Claudia Möbius, Sandra Li Maennel Saavedra (costumes)


(© Patrick Pfeiffer)


La trentième édition de «Rossini in Wildbad», du 12 au 29 juillet, propose cinq représentations de L’equivoco stravagante (1811) dans le charmant Königliches Kurtheater, une coproduction avec l’Opéra de Ruse en Bulgarie.


Ernestina, passionnée de littérature, doit épouser contre son gré Buralicchio, personnage arrogant et bien moins cultivé qu’elle. Un redoutable stratagème est mis sur pied pour éviter cette tragédie : laisser penser dans l’esprit du futur époux que la jeune femme est en réalité un castrat déguisé. Avec un tel sujet, il ne faut pas chercher à transformer le plomb en or, et, de ce fait, Jochen Schönleber, intendant et directeur artistique du festival, s’en tient à une approche caricaturale des situations et des personnages pour sa mise en scène contenant une bonne dose d’idées graveleuses – à quoi peut bien faire référence la courgette ? Pour les aspects scéniques, cette production se révèle moins subtile et imaginative que La cambiale di matrimonio et le décor paraît encore plus rudimentaire. Mais le propos s’y prête, et la musique de Rossini résiste sans dommage à ce traitement, d’autant plus que la direction d’acteurs, particulièrement soutenue, rend le spectacle énergique et divertissant.


Les prestations musicales répondent de nouveau aux attentes. Cette petite station thermale de la Forêt noire devient mine de rien, durant quelques semaines, en été, un haut lieu du chant rossinien – Bad Wildbad devait bien cela à Rossini qui y prit les eaux en 1856. Habillée dans un premier temps à la garçonne et coiffée à la Lady Diana, plus extravertie ensuite, n’hésitant pas à exhiber fièrement son corset rouge et noir, Antonella Colaianni prête sa voix de mezzo charnue à la malheureuse intellectuelle; la chanteuse rencontre avec brio et aplomb les exigences du rôle d’Ernestina, avec d’évidentes affinités stylistiques pour ce répertoire. Giulio Mastrototaro porte un nom à retenir pour ceux qui raffolent des barytons-basses italiens spécialisés dans les personnages comiques. Malgré une allure encore juvénile, l’artiste campe le riche père, Gamberetto, avec un art parfait de la bouffonnerie et une maîtrise vocale imparable.


Emmanuel Franco ressemble en Buralicchio à un androgyne stylé et d’une fatuité absolue – une saisissante performance d’acteur, doublée d’une science du beau chant accomplie. Patrick Kabongo ne se montre pas aussi souple en Ermanno mais il atteint sans entrave le haut du registre. Malgré un timbre et un style plus banals, le ténor assure avec une solide dose d’engagement et beaucoup de sympathie la cohésion et la crédibilité de l’ensemble. Eleonora Bellocci, de l’Académie attachée au festival, captive davantage notre attention en Rosalia, par le fruité du timbre et le fini vocal, qualités déjà relevées deux jours auparavant dans La cambiale di matrimonio. Sebastian Monti possède une voix un peu trop légère et à l’émission pas toujours nette, mais il séduit en Frontino, trentenaire barbu aux airs de doctorant, qui voit ses avances systématiquement repoussées par l’exquise Rosalia – du délicieux comique de répétition, procédé indispensable dans ce genre.


Dans la petite fosse, José Miguel Pérez-Sierra imprime un rythme imperturbable à ce joyeux mélodrame. Le chef, qui dirige souvent à Bad Wildbad, obtient des Virtuosi Brunenses, décidément sur tous les fronts, une prestation fine et éclatante, à la sonorité pleinement satisfaisante. Déguisés en écolières en tenue réglementaire, les choristes entièrement masculins remplissent également leur fonction dans la bonne humeur.


Le festival programme aussi des concerts, certains gratuits comme celui du dimanche 22 juillet, après la représentation. Valentina (née en 2001), Luca et Chiara Kaufman (2004), petits-enfants d’Alberto Zedda, jouent des pièces de Rossini, certaines arrangées pour violon, violoncelle et piano par le chef disparu l’année dernière. Les adolescents jouent avec une maîtrise et une sensibilité musicales plutôt remarquables pour leur âge, surtout l’aînée, pianiste qui, par sa formation, semble destinée à une carrière musicale.



Sébastien Foucart

 

 

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