About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Soli Deo gloria

Paris
Saint-Denis (Basilique)
06/19/2018 -  et 17 juin 2018 (London)
Johann Sebastian Bach : Cantates «Es erhub sich ein Streit», BWV 19, «Nimm von uns, Herr, du treuer Gott», BWV 101, «Jesu, der du meine Seele», BWV 78, et «Wachet auf, ruft, uns die Stimme», BWV 140
Hana Blazíková, Julia Doyle (sopranos), Reginald Mobley (alto), Hugo Hymas, Graham Neal (ténors), Peter Harvey, Samuel Pantcheff (barytons), Alex Ashworth (basse)
Monteverdi Choir, The English Baroque Soloists, John Eliot Gardiner (direction)


J. E. Gardiner (© Maciej Gozdzielewski)


On ne présente plus les réussites de John Eliot Gardiner dans Bach. Qu’il s’agisse de ses disques (notamment chez Archiv Produktion depuis le début des années 1980) ou de ses concerts en passant même par ses écrits (on pense bien sûr à sa somme Musique au château du ciel, parue chez Flammarion), le chef anglais connaît le compositeur allemand sur le bout des doigts. On en aura eu une nouvelle preuve ce soir pour un superbe concert au cours duquel auront été données quatre cantates.


Les divers protagonistes se sont évidemment tous montrés à la hauteur des œuvres, à commencer par les solistes qui, après leurs soli, rejoignirent chacun les rangs du Chœur Monteverdi dont on aura sans cesse apprécié la réactivité, la souplesse et l’engagement. Dès le premier mouvement de la Cantate «Es erhub sich ein Streit» (1726), rehaussé de trois trompettes, le geste de Gardiner est conquérant et le discours avance avec jubilation pour narrer aux fidèles les combats de Saint Michel contre le dragon. Alors que le jeu des deux hautbois accompagne avec une certaine neutralité la voix de Hana Blazíková, un rien voilée, on aura surtout apprécié là l’air redoutable «Bleibt, ihr Engel, bleibt bei mir!» chanté par l’excellent Hugo Hymas, accompagné par une trompette inhabituelle dans ce genre d’airs (parfaitement tenue par Neil Brough) et les douces syncopes des cordes. Mais l’alliance entre voix et instruments solistes ne fut pas moindre dans les autres cantates au programme. L’air «Handle nicht nach deinen Rechten» de la Cantate «Nimm von uns, Herr, du treuer Gott» (1724) fut ainsi remarquable en raison de l’excellente prestation (hormis une anicroche conclusive) de Kati Debretzni, violon solo des English Baroque Soloists depuis 2000, les volutes de son instrument offrant un contraste assez saisissant avec une voix de ténor plutôt éthérée. De même, quel parallélisme entre le duo opposant ou, plutôt, alliant les voix de soprano et d’alto et, face à elle, le hautbois et la flûte (cette dernière parfaitement tenue par Rachel Beckett) dans l’air «Gedenk an Jesu, bittern Tod!»!


La vingtaine de chanteurs composant le Chœur Monteverdi fut irréprochable, notamment dans les chœurs ouvrant les Cantates «Nimm von uns, Herr, du treuer Gott» et «Jesu, der du meine Seele» (1724), l’ampleur des voix tranchant avec l’intimité de certains traits instrumentaux (les hautbois, où l’on soulignera l’excellente Rachel Chaplin), l’ensemble résonnant de façon assez saisissante dans la Basilique de Saint-Denis. Parmi les grands moments de ce programme, on pourra citer également le célèbre duo «Wir eilen mit schwachen, doch emsigen Schritten» entre la soprano Julia Doyle et l’alto Reginald Mobley, qui fut le plus beau moment de la Cantate BWV 78, la légèreté des voix, leur entrain, l’impression en les écoutant de folâtrer dans une campagne pleine de quiétude ayant plongé le public dans une douce félicité. Si l’on peut regretter, dans la Cantate «Wachet auf, ruft uns die Stimme» (1731), un chœur d’ouverture (à lui seul un chef-d’œuvre) qui nous aura un rien déçu en raison, peut-être, d’un léger empressement et d’une pulsation un peu trop marquée, là où Masaaki Suzuki savait au contraire davantage prendre son temps, comme d’ailleurs John Eliot Gardiner dans son enregistrement chez Archiv Produktion (mars 1990), ce ne sera guère qu’une minime déception.


C’est donc avec enthousiasme que, à la demande de John Eliot Gardiner, le public se leva pour bisser (tant bien que mal) le chœur concluant la Cantate BWV 140, sorte de communion musicale festive qui méritait bien l’ovation reçue par l’ensemble des artistes de cette soirée.


Le site du Monteverdi Choir, des English Baroque Soloists et de John Eliot Gardiner
Le site de Hana Blazíková
Le site de Julia Doyle
Le site de Reginald Mobley
Le site de Hugo Hymas
Le site de Graham Neal
Le site de Peter Harvey
Le site d’Alex Ashworth
Le site de Samuel Pantcheff



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com