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Jeune génération

Vienna
Konzerthaus
06/14/2018 -  
Maurice Ravel : Sonate pour violon et violoncelle
Gabriel Fauré : La Bonne Chanson, opus 61
Franz Schubert: Auf dem See, D. 543 – Meeres Stille, D. 216 – Auf dem Wasser zu singen, D. 774 – Die Forelle, D. 550 – Quintette avec piano «La Truite», D. 667

Sophie Rennert (mezzo-soprano)
Emmanuel Tjeknavorian (violon), Ziyu He (violon, alto), Gerhard Schulz (alto), Narek Hakhnazaryan (violoncelle), Dominik Wagner (contrebasse), Elisabeth Leonskaïa (piano)


E. Tjeknavorian, Z. He, N. Hakhnazaryan (© Julia Wesely)


Ce concert de la série «Great Talent» réunissait la jeune génération autour de deux piliers de la musique de chambre viennoise: la pianiste Elisabeth Leonskaïa et l’ancien second violon du Quatuor Alban Berg, Gerhard Schulz, aujourd’hui à l’alto.


La Sonate pour violon et violoncelle de Ravel permet d’entendre le benjamin de la soirée, le violoniste He Ziyu (19 ans), et l’aîné, le violoncelliste Narek Hakhnazaryan (29 ans): après un début quelque peu crispé, les interprètes gagnent rapidement en liberté et trouvent un équilibre entre les lignes enchevêtrées de la partition. Le dernier mouvement en particulier recèle des moments de sauvagerie libératoires – mais la partition ne pardonne aucune approximation, et rappelle qu’une une bonne lecture ne suffit pas pour en pénétrer l’esprit de cette redoutable pièce.


Le cycle La Bonne Chanson de Fauré est présenté ce soir dans sa version pour voix, piano et quintette. La grâce paresseuse du toucher de Leonskaïa se marie merveilleusement avec le timbre des cordes – ces dernières insufflant de la délicatesse à l’accompagnement, mais manquant aussi d’une ligne de conduite ferme pour maintenir cette musique raffinée et pudique à l’écart des frontières de la fadeur.


Le public avait sûrement admiré dans ces mélodies françaises la voix méticuleuse de Sophie Rennert, sa colonne d’air stable et sa prononciation impeccable; la chanteuse est encore meilleure dans celles de Schubert, où elle trouve une immédiateté et une véritable adéquation de timbre. L’enchaînement avec le Quintette «La Truite» se fait tout naturellement; le quintette prend un peu de temps à trouver une assise de tempo, mais une fois établie, on peut savourer un magnifique moment chambriste: He Ziyu, très à l’aise à l’alto, dont il projette un timbre intense et transparent, le violoncelle suave de Narek Hakhnazaryan, et surtout le violon d’Emmanuel Tjeknavorian, qui, derrière une économie de moyens et une souplesse des articulations, rayonne comme le véritable patron de l’ensemble – contrôlant avec discrétion mais avec une lucidité absolue le déroulement des opérations. Lauréat du dernier concours Sibelius, ce jeune Viennois fait preuve d’une exceptionnelle maturité.


Une soirée rafraîchissante et réjouissante, fidèle au pur esprit de la musique de chambre.



Dimitri Finker

 

 

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