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Retour réussi pour Spontini

Erfurt
Theater
06/01/2018 -  et 3, 6* juin 2018
Gaspare Spontini : Agnes von Hohenstaufen
Claudia Sorokina (Agnes von Hohenstaufen), Margrethe Fredheim (Irmengard), Todd Wilander (Philipp von Hohenstaufen), Juri Batukov (Heinrich der Löwe), Bernhard Berchtold (Heinrich Braunschweig), Siyabulela Ntlale (Philipp August), Máté Sólyom-Nagy (Kaiser Heinrich VI), Kakhaber Shavidze (Erzbischof von Mainz), Caleb Yoo (Burggraf der Kaisers), Jörg Rathmann (Theobald), Henry Neill (Kampfrichter)
Opernchor des Theaters Erfurt, Andreas Ketelhut (chef de chœur), Philharmonisches Orchester Erfurt, Zoi Tsokanou (direction musicale)
Marc Adam (mise en scène), Monika Gora (décors), Florian Hahn (lumières), Arne Langer (dramaturgie)


(© Lutz Edelhoff)


Spontini, le plus français des compositeurs italiens? En réalité, c’est davantage le régime napoléonien qui fêta ce jeune ambitieux de caractère, séduit par l’intensité dramatique de son premier grand succès, La Vestale (1807). C’est aujourd’hui le seul ouvrage de Gaspare Spontini (1776-1851) encore au répertoire, alors que la dernière partie de sa carrière en Prusse lui permit de rencontrer des succès notables. Ainsi de son dernier ouvrage Agnes von Hohenstaufen (1829), écrit en allemand pour la cour de Berlin et remanié ensuite dans cette même ville en 1837. C’est cette dernière version qui est présentée en ce moment au Théâtre d’Erfurt dans la langue de Goethe: un événement à souligner car il n’y a pas eu de reprises de l’ouvrage depuis le XIXe siècle, en dehors de l’adaptation en italien. On citera notamment la production réunissant rien moins que Riccardo Muti et Montserrat Caballé en 1970, heureusement préservée par le disque (Opera d’Oro).


En dehors de l’Ouverture et de la toute fin de l’ouvrage (trop longue et qui tourne à vide musicalement à force de rebondissements artificiels), Spontini montre un métier sûr, en variant admirablement les climats tout en recherchant de nouvelles sonorités, dans l’esprit aventureux de Berlioz ou Meyerbeer. Il fait également une grande place à l’orchestre, avec des effets de masse et des verticalités qui écrasent parfois les chanteurs. Il revient cette fois à Erfurt de s’intéresser à cet ouvrage au livret malheureusement trop confus, ancêtre du grand opéra à la française, qui met en avant les relations conflictuelles entre Français et Germaniques au temps des Guelfes et Gibelins.


Le metteur en scène français Marc Adam, ancien directeur des opéras de Rouen et Nice notamment, reste très fidèle au déroulé des événements, proposant une sobre scénographie qui met en valeur la richesse des costumes d’époque. Plusieurs allusions au futur conflit entre Français et Prussiens de 1914 sont distillées tout au long de l’action, des projections vidéo du conflit (pendant l’Ouverture) aux habits des deux souverains, sans parler du masque à gaz discrètement posé sur le côté du plateau. Adam se joue habilement de l’exiguïté de la scène de la salle moderne d’Erfurt, d’environ 800 places, tout en se servant à l’occasion du premier balcon pour placer le chœur et offrir quelques surprises dans la spatialisation du son. Seuls les déplacements convenus du chœur montrent un travail inabouti.


Autour de cette mise en scène classique et efficace, c’est surtout le plateau vocal qui convainc par sa belle homogénéité. Claudia Sorokina se joue admirablement du rôle-titre à force d’éloquence et d’investissement dramatique. L’émission, un peu serrée au premier acte, se déploie ensuite idéalement. Margrethe Fredheim (Irmengard) montre de belles qualités dans la seule virtuosité vocale, tandis que Máté Sólyom-Nagy (l’empereur Henri VI) donne une hauteur de vue à son personnage par la fluidité de sa ligne de chant. Bernhard Berchtold (Heinrich Braunschweig) n’est pas en reste dans l’élégance et le sens de nuance, mais manque par trop de projection. On mentionnera encore le superlatif Kakhaber Shavidze (l’archevêque de Mayence) et des seconds rôles globalement bons. La Grecque Zoi Tsokanou cherche à lisser les arrêtes dans un geste legato qui ne brusque pas l’orchestre local. On gagne en souplesse ce que l’on perd en architecture globale.



Florent Coudeyrat

 

 

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