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Un rêve éveillé Paris Chaillot - Théâtre national de la danse 06/08/2018 - et 9, 10, 12, 13, 14, 15 juin 2018 Le Songe Jean-Christophe Maillot (chorégraphie, mise en scène), Felix Mendelssohn, Daniel Teruggi, Bertrand Maillot (musique)
Les Ballets de Monte-Carlo
Ernest Pignon-Ernest (scénographie), Philippe Guillotel (costumes), Dominique Drillot (lumières), Nicolas Lormeau (conseiller et assistant à la mise en scène)
(© Alice Blangero)
Voici enfin à Paris une des chorégraphies les plus célèbres des Ballets de Monte-Carlo: Le Songe de Jean-Christophe Maillot d’après William Shakespeare.
De toutes les chorégraphies narratives de Jean-Christophe Maillot pour les Ballets de Monte-Carlo, compagnie monégasque qu’il dirige depuis une quinzaine d’années, Le Songe, créée en 2006 pour les vingt ans de ce Ballet, est peut-être la plus pure. Car non transposée ni un peu réécrite comme Cendrillon ou Casse-Noisette mais fidèle à quelques détails près à la pièce de Shakespeare et pourtant indubitablement empreinte de la touche Maillot, faite d’une emprise sur la narration pour la rendre toujours plus lisible et fourmillant d’idées chorégraphiques sensationnelles.
Ce Songe, à une réserve près, celle de l’avoir coupé en deux par un entracte aussi inutile que mal placé en pleine agitation du premier réveil des quatre amoureux, est un rêve éveillé qui passe comme un souffle pour raconter les péripéties de cette nuit d’été athénienne. Maillot s’appuie sur la géniale musique de Mendelssohn pour les scènes de danse pure, celle des émois et des péripéties des amoureux et celles de conflit et de réconciliation entre Obéron et Titania. Mais aussi sur la musique de deux compositeurs d’aujourd’hui pour les scènes théâtrales délirantes des artisans (réglées avec la collaboration de Nicolas Lormeau de la Comédie-Française) et celle très onirique des lutins et des fées. Musique acousmatique de Daniel Teruggi et une pièce de Bertrand Maillot, frère du chorégraphe et compositeur de la musique de Nébule, un de ses premiers ballets (Hambourg, 1980), complètent cet univers décalé.
Jean-Christophe Maillot a mis dans Le Songe le meilleur de son génie chorégraphique. Ayant dansé la chorégraphie de John Neumeier à Hambourg, il connaît les moindres rouages de la pièce. Purement poétique pour les quatre Athéniens, onirique pour le Roi et la Reine des fées, loufoque et au bord du délire pour les artisans et totalement aérien pour Puck, son geste chorégraphique a toujours la légèreté de la nuit shakespearienne que les éclairages de Dominique Drillot achèvent de rendre onirique tout comme les costumes de Philippe Guillotel et l’ingénieuse scénographie d’Ernest Pignon-Ernest.
Les trente danseurs des Ballets de Monte-Carlo sont tous exceptionnels et parviennent à faire oublier les grandes individualités qui ont marqué la création de cette pièce inspirée.
Olivier Brunel
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