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Ernani en mode dégradé

Marseille
Opéra
06/06/2018 -  et 10, 13, 16 juin 2018
Giuseppe Verdi: Ernani
Hui He (Elvira), Anne-Marguerite Werster (Giovanna), Francesco Meli (Ernani), Ludovic Tézier (Don Carlo), Alexander Vinogradov (Don Ruy Gomez de Silva), Christophe Berry (Riccardo), Antoine Garcin (Iago)
Orchestre et chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef du chœur), Lawrence Foster (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Isabelle Partiot (décor), Teresa Acone (costumes), Laurent Castaingt (lumières)


L. Tézier (© Christian Dresse)


Pour son passage à Marseille, cette production d’Ernani signée Jean-Louis Grinda a eu moins de chance qu’à Monte-Carlo en 2014 ou à Liège en 2015.


Le communiqué de presse reçu deux heures avant le lever du rideau faisait craindre le pire: en raison de débrayages du personnel technique pendant les répétitions et le soir-même, la représentation serait donnée en «mode dégradé». Dans le jargon du théâtre, l’expression «mode dégradé» indique que tous les moyens techniques prévus par la production ne peuvent pas être mis en œuvre. La décision a quand même été prise de lever le rideau en version scénique. Certes, on a bien senti, dès le début que ce Ernani manquait un peu de répétitions: quelques flottements dans le déplacement des chœurs, des hésitations fugaces sur l’emplacement à choisir par tel ou tel. Les lumières de Laurent Castaingt, absentes (on a dit qu’elles étaient superbes), étaient remplacées par quelques projecteurs créant un espace sans volume. On avait dû également soustraire quelques éléments d’un décor, au demeurant réussi. Les costumes de Teresa Acone, somptueux, et un plateau vocal de rêve permettaient de vite oublier les aléas de cette mise en scène plutôt classique mais d’un goût sûr et dont on retiendra le magnifique troisième acte situé dans la tombe de Charlemagne à Aix-la-Chapelle.


Si la tension des solistes, de l’orchestre, et du chœur était palpable dans les premières mesures, très vite on a repris du poil de la bête. La pression exercée par l’incertitude sur la qualité du spectacle a sans doute gêné la soprano Hui He en Elvira. Sa cavatine de l’Acte I «Ernani, involami...» est bien exécutée mais l’ornementation peine un peu, sans toutefois sacrifier l’expression musicale intense de cet air. La voix n’ a aucun mal à dominer les passages orchestraux étoffés et garde ce timbre délicieusement nacré. Le duo du quatrième acte avec Ernani est un des grands moments de cette soirée. Les autres grands moments nous ont été offerts tour à tour par le reste de la distribution. La basse russe Alexander Vinogradov dans le rôle de Silva signe un «Infelice, e tuo credevi...» de très grande qualité, alliant puissance et musicalité. Le ténor Francesco Meli est tout simplement brillant: timbre ensoleillé, phrasé impeccable et un sens des nuances et des demi-teintes qui laisse pantois. Il campe un Ernani touchant et sincère. Ludovic Tézier en Carlo Quinto est au sommet de sa forme. Ce rôle lui va à ravir car il met en exergue les nombreuses qualités de ce baryton, parfaitement à l’aise dans le registre aigu et dans le mezza voce. Il a l’autorité, la prestance et la noblesse des très grands barytons français. Son «Verd’anni miei» au troisième acte est un véritable morceau d’anthologie. A l’applaudimètre c’est peut-être lui qui remporte la palme, mais on fait également un triomphe à ses trois acolytes. Les légers flottements des premières mesures entre l’orchestre et le chœur ont disparu des mémoires et Lawrence Foster, ainsi que l’excellent chef du chœur Emmanuel Trenque sont justement très applaudis.



Christian Dalzon

 

 

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