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Fin de saison, bouquet final Toulon Opéra 06/03/2018 - et 5, 8 juin 2018 Giuseppe Verdi: Nabucco Raffaella Angeletti (Abigaille), Julie Robard-Gendre (Fenena), Florina Ilie (Anna), Sergey Murzaec (Nabucco), Jesús León (Ismaele), Evgeny Stavinsky (Zaccaria), Nika Guliashvili (Grand Prêtre de Baal), Frédéric Diquero (Abdallo)
Chœurs des Opéras de Toulon et Nice (Christophe Bernollin, Giulio Magnanini (chefs de chœurs), Orchestre de l’Opéra de Toulon, Jurjen Hempel (direction musicale)
Jean-Christophe Mast (mise en scène), Jérôme Bourdin (décor et costumes), Laurence Fanon (chorégraphie), Pascal Noël (lumières)
R. Angeletti & S. Murzaec (© Frédéric Stephan)
L’Opéra de Toulon est une maison aux exigences artistiques élevées. Chaque saison, depuis plusieurs années, en apporte la preuve. Si le choix des metteurs en scène est parfois discutable, la qualité musicale de toutes les présentations, orchestre et chœur maison, et solistes invités, démontre une constante progression. Témoin, ce Nabucco digne de louanges offert en fin de saison et précédemment donné à Saint-Etienne en 2016. Le public ne s’y est pas trompé et lui a réservé l’accueil des grands jours.
La proposition scénique de Jean-Christophe Mast ne manque pas d’allure, ni d’élégance, et encore moins d’efficacité dramatique. Aux teintes beiges des costumes que portent les esclaves à la première partie on oppose le noir de tous les protagonistes, à l’exception de Zaccaria, et le noir de la scène, souligné par les éclairages admirables de Pascal Noël. Le décor est fait d’un grand escalier sur lequel les solistes se hissent pour chanter et d’étroits panneaux de bois, noirs eux-aussi, qui tombent sur la scène puis disparaissent dans les cintres (un peu trop bruyamment toutefois) au gré des scènes. La seule touche de couleur sera offerte par les lances jaune vif des soldats babyloniens auxquels Laurence Fanon confie une superbe chorégraphie, énergique et intense.
Le plateau vocal est également digne d’éloges. On saluera tout particulièrement le Nabucco du baryton russe Sergey Muzraev. La voix est impressionnante de puissance, le timbre d’acier. Son incarnation séduit, en dépit d’un chant où le legato n’est pas toujours irréprochable. Bonne prestation de la basse Evgeny Stavinski en Zaccaria, tout en noblesse et générosité. La Fenena de la mezzo-soprano Julie Robard-Gendre est d’excellente tenue et son «Oh, dischuiso è il firmamento» est justement applaudi. Jésus León en Ismael n’est pas vraiment le ténor lyrique qui convient à ce rôle mais ses interventions, peu nombreuses, sont largement honorables. L’Italienne Raffaella Angeletti est à la hauteur du rôle redoutable d’Abigaille. La voix n’est ni jolie ni laide mais la soprano utilise ses ressources avec un maximum d’effet: volume, engagement, autorité, et noirceur du personnage. La page tant attendue «Va pensiero» montre un chœur, renforcé pour l’occasion par le chœur de l’Opéra de Nice, en pleine santé. L’orchestre lui aussi participe à l’éloquence de cette présentation. Il est dirigé sobrement mais tout en finesse par le chef néerlandais Jurjen Hempel qui prendra à la rentrée prochaine la direction musicale de la maison toulonnaise.
En cette journée maussade sur le port de Toulon, c’est à l’Opéra qu’il fallait aller pour trouver un soleil ardent et l’enthousiasme communicatif d’un public ravi.
Christian Dalzon
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