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Bicentenaire oblige!

Paris
Opéra Comique
06/02/2018 -  et 4, 6, 8, 10, 12, 14 juin 2018
Charles Gounod : La Nonne sanglante
Michael Spyres (Rodolphe), Vannina Santoni (Agnès), Marion Lebègue (La Nonne), André Heyboer*/Jérôme Boutillier (Luddorf), Jodie Devos (Arthur), Jean Teitgen (Pierre l’Ermite), Luc Bertin-Hugault (Le baron de Moldaw), Enguerrand De Hys (Fritz, Le Veilleur de nuit), Olivia Doray (Anna), Pierre-Antoine Chaumien (Arnold), Julien Neyer (Norberg), Vincent Eveno (Theobald), Stanislas Briche, Arnaud Chéron, Simon Frenay, Florent Mahoukou, Papythio Matoudidi, Marius Moguiba (danseurs)
accentus, Christophe Grapperon (chef de chœur), Insula Orchestra, Laurence Equilbey (direction musicale)
David Bobée (mise en scène, dramaturgie, décors), Laurence Equilbey (dramaturgie), Corinne Meyniel (collaboration artistique), Aurélie Lemaignen (décors), Alain Blanchot (costumes), Stéphane Babi Aubert (lumières), José Gherrak (vidéo)


(© Pierre Grosbois)


Bicentenaire oblige et grâce à la Fondation Palazzetto Bru Zane à Venise, qui en a édité la partition et est coproductrice du spectacle, La Nonne sanglante, deuxième des douze opéras de Charles Gounod, créé à l’Opéra de Paris en 1854, peut revivre à l’Opéra Comique. Cette résurrection s’inscrit dans un hommage plus vaste à Gounod, le sixième festival du Palazzetto Bru Zane à Paris, qui permettra pendant tout le mois de juin de découvrir des œuvres peu jouées ou inédites du compositeur français.


Tout juste auréolé du succès de Sapho, son premier opéra, Gounod s’est jeté avec enthousiasme dans cette commande de grand opéra en cinq actes avec ballet, projet précédemment abandonné par Berlioz, d’après un roman gothique anglais, Le Moine de Matthew Lewis, lui même inspiré d’une légende médiévale allemande, La Nonne de Thuringe. Adapté au goût et à la morale du jour par l’ingénieux Eugène Scribe, qui en développa l’action lui ajoutant le personnage de l’Ermite, le projet fut aussi ambitieux que son succès réel mais peu durable, à la suite d’un changement de direction de l’Opéra. Le projet d’éditer la partition fut abandonné par Gounod, qui passa rapidement au projet suivant, Faust, avec la réussite que l’on sait.


Les spécialistes disséqueront à loisir cette partition pour y chercher tout le talent dramatique du grand Gounod. On y trouve en germe les prémices de Roméo, de Faust bien sûr, mais si La Nonne ne lui a pas survécu, c’est sans doute que le livret de Scribe, souvent assez faible littérairement, n’est pas aussi bien ficelé que celui de Barbier et Carré, de découpe académique mais fonctionnelle, pour Faust. Musicalement aussi, de grands moments font oublier de terribles longueurs, surtout dans ce qui devait être le grand moment de l’œuvre (le goût de l’époque pour le fantastique était plus frais qu’aujourd’hui), la scène de l’apparition de la Nonne. Quelques coupures ont été pratiquées dans le ballet et quelques scènes de genre un peu trop datées.


David Bobée et son costumier, Alain Blanchot, ont fait au mieux pour raconter cette histoire étrange, de façon plus cinématographique que théâtrale, grâce à de beaux éclairages, une esthétique de séries télévisées, une direction d’acteurs efficace, mais n’ont pas réussi à gommer ce que le livret contient de grandguignolesque


La distribution réunie par l’Opéra Comique est sensationnelle. Le rôle de Rodolphe est d’une grande exigence, comme on peut l’imaginer d’après son créateur, le ténor Louis Gueymard, futur créateur de celui d’Henri dans Les Vêpres siciliennes. L’Américain Michael Spyres en a ardemment relevé le flambeau, avec un panache épatant et une prononciation exemplaire. Autres interprètes exceptionnels, Jean Teitgen (pourtant annoncé souffrant) et Marion Lebègue se sont distingués dans les rôles de Pierre l’Ermite et de la Nonne. Excellents seconds rôles aussi, particulièrement le baron de Moldaw de Luc Bertin-Hugault et le Fritz d’Enguerrand de Hys. Le chœur accentus aussi, à qui il a été demandé scéniquement d’être plus que de simples figurants.


Pour défendre cette résurrection (l’œuvre n’a été depuis donnée qu’épisodiquement, comme à Osnabrück en 2008, ceci expliquant l’existence d’un enregistrement publié par CPO) il aurait fallu soigner d’avantage l’orchestre. L’Insula Orchestra, pratiquant des instruments d’époque de qualité, en tous cas aux résultats très variables (cors et percussions sont terriblement agressifs), dirigé avec une lourdeur écrasante par Laurence Equilbey saturant tout l’espace sonore de la salle et envahissant la fosse, a failli à cette mission. A la salle Favart, après une longue réfection, le problème de l’équilibre entre la fosse et la salle reste entier. Il est étrange que l’on n’en tienne pas davantage compte. A l’opéra, les spectateurs viennent d’abord entendre des voix et pas un chef d’orchestre leur voler la vedette.



Olivier Brunel

 

 

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