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Deux voix magnifiques dans un désert scénique

Vienna
Staatsoper
05/12/2018 -  et 15, 18, 21*, 25, 28 mai 2018
Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila, opus 47
Elīna Garanca (Dalila), Roberto Alagna (Samson), Carlos Alvarez (Le grand prêtre de Dagon), Sorin Coliban (Abimélech), Dan Paul Dumitrescu (Un vieillard hébreu), Leonardo Navarro (Un messager philistin), Jörg Schneider (Premier Philistin), Marcus Pelz (Deuxième Philistin)
Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (préparation), Orchester der Wiener Staatsoper, Marco Armiliato (direction musicale)
Alexandra Liedtke (mise en scène), Raimund Orfeo Voigt (décors), Su Bühler (costumes), Lukas Gaudernak (chorégraphie), Gerrit Jurda (lumières)


E. Garanca, R. Alagna (© Wiener Staatsoper/Michael Pöhn)


La nouvelle production de Samson et Dalila de l’Opéra de Vienne vaut essentiellement pour les deux protagonistes vocaux, Roberto Alagna et Elīna Garanca, qui forment un duo incandescent. Lui, Samson très investi scéniquement, ardent et vaillant, au timbre puissamment projeté, à la diction parfaite et aux aigus insolents. L’incarnation marquera à n’en pas douter un point fort dans la carrière du ténor français, qu’on retrouve dans une splendide forme vocale après des prestations mitigées ces dernières années. Quoi qu’il en soit, la performance augure bien du Lohengrin prévu cet été à Bayreuth. Elle, Dalila au timbre soyeux et capiteux incarnant idéalement la volupté et la sensualité du personnage, avec aussi un côté altier et distant qui convient parfaitement au rôle. Seul (petit) bémol : une prononciation française qui reste à améliorer. Le grand prêtre de Dagon est campé par Carlos Alvarez, dont on apprécie le chant sobre et raffiné, mais dont le personnage manque de violence et de perfidie. Dans la fosse, Marco Armiliato offre une lecture musicale précise et homogène, faisant entendre chaque détail de la partition, avec des atmosphères très bien différenciées : légèreté et sensualité dans les passages lyriques, violence et ferveur dans les pages dramatiques.


Malheureusement, la mise en scène ne se hisse pas aux mêmes niveaux. Plutôt que de mise en scène, il faut d’ailleurs parler de mise en place, tant la direction d’acteurs est sommaire, notamment pour ce qui est du chœur. On peine aussi à percevoir les lignes directrices de la réalisation scénique. Pour sa première production au Staatsoper, Alexandra Liedtke fait passer au second plan les aspects religieux du livret pour se concentrer sur le destin d’individus appartenant aux deux parties du conflit. L’acte II, avec le superbe duo entre Samson et Dalila, est transposé dans la froideur clinique de la salle de bains de cette dernière, au milieu de laquelle trône une baignoire pleine. La fin de l’ouvrage a davantage inspiré la metteur en scène : un danseur double Samson, qui est ici la victime des railleries de Philistins en tenue de soirée. Il s’immolera avant de mettre le feu au temple, un final particulièrement spectaculaire. Pour le reste, on peut tranquillement fermer les yeux et se concentrer sur deux voix magnifiques et la musique qui les accompagne.



Claudio Poloni

 

 

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