About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Tchaïkovski populaire et mal-aimé

Paris
Philharmonie
05/15/2018 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonies n° 3 «Polonaise», opus 29, et n° 6 «Pathétique», opus 74
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)


P. Jordan (© Vincent Lignier/Opéra national de Paris)


Fin du cycle Tchaïkovski à la Philharmonie. Philippe Jordan et l’Orchestre de l’Opéra donnent la Troisième Symphonie et la Pathétique. Alors que celle-ci reste la plus populaire du musicien russe, la Troisième est mal-aimée, qui peine à trouver sa place, dans le cœur des mélomanes, entre la Petite Russienne et la Quatrième. On gagnerait pourtant à la réécouter, même si le premier et le dernier des cinq mouvements bavardent un peu : l’orchestre de Tchaïkovski est ici tout entier, avec un Scherzo d’une légèreté aérienne, et à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu’elle anticipe, en plus d’un endroit, les trois symphonies du destin.


Faut-il y voir néanmoins, à l’instar de certains musicologues, un hommage au XVIIIe siècle, comme Tchaïkovski se plaisait à en écrire ? Faut-il ainsi plutôt la rapprocher de ses Suites pour orchestre ? C’est, semble-t-il, le parti adopté par le directeur musical de l’Opéra. A la tête d’un orchestre allégé, il veille surtout à restituer une forme, à travers une lecture claire et décantée – le problématique Tempo di polacca final, qui a valu à la symphonie le titre de « Polonaise », y gagne beaucoup, notamment quand vient le passage fugué. Le Scherzo lorgne pertinemment vers Mendelssohn, après un Andante où la nostalgie reste feutrée. Mais peut-être la Symphonie mérite-t-elle plus d’engagement, une approche moins distancée.


Allait-il proposer une Pathétique de la même eau, lui qui répugne aux effusions outrées, au point parfois de sombrer dans l’atonie à l’opéra ? Pas le moins du monde : pour le coup, il prend l’œuvre à bras-le-corps, galvanisant ses musiciens. Certes la direction reste très décantée, éclairant la polyphonie, attentive aux voix intermédiaires. Mais elle brûle de l’intérieur, en particulier dans les mouvements extrêmes, alors que la maîtrise de l’orchestre est éblouissante – très impressionnant Allegro molto vivace. Les ténèbres, où Tchaïkovski s’auto-détruit, sont bien là, mais il les éclaire : l’obscurité ne devient jamais opacité. Et la valse baigne dans une sorte de pénombre ambiguë, avec une partie centrale lancinante. L’Adagio lamentoso final, sans narcissisme, sonne comme un Requiem. On peut certes préférer des lectures d’un romantisme plus noir, plus abyssal, plus russe aussi, mais ce Tchaïkovski est remarquablement assumé... et il nous émeut. Rien de surprenant, d’ailleurs, pour qui connaît son enregistrement à la tête des Wiener Symphoniker.


L’orchestre est magnifique, de bout en bout du concert, avec des solistes de rêve.


Le concert en intégralité sur le site Culturebox:






Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com