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Stanislaw Kuflyuk en forme

Wroclaw
Opéra
04/12/2018 -  et 14 avril 2018
Karol Szymanowski : Król Roger, opus 46
Stanislaw Kuflyuk (Roger), Iwona Socha (Roxane), Lukasz Gaj (Le Berger), Aleksander Zuchowicz (Edrisi), Mateusz Drozda (L’Archevêque), Jadwiga Postrozna (La Diaconnesse)
Chór Opery Wroclawskiej, Anna Grabowska-Borys (chef de chœur), Orkiestra Opery Wroclawskiej, Marcin Nalęcz-Niesiolowski (direction musicale)
Mariusz Trelinski (mise en scène et scénographie), Wojciech Dziedzic (costumes), Bogumil Palewicz (lumières), Emil Wesolowski (chorégraphie)


Depuis l’obtention du prix de meilleur metteur en scène de l’année décerné par les International Opera Awards en 2018, le Polonais Mariusz Trelinski fait figure de star dans son pays alors qu’il reste pratiquement inconnu en France. Ses récents succès dans la voisine Bruxelles (Manon Lescaut de Puccini en 2013 et Powder Her Face de Thomas Adès en 2015), tout autant que sur les grandes scènes des Etats-Unis (Washington dès 2004 et surtout New York) ou des festivals d’opéra prestigieux, de Savonlinna à Florence, en passant par Baden-Baden, devraient pourtant nous inciter à davantage de curiosité. On ne peut donc que se réjouir de découvrir son travail dès juillet prochain au festival d’Aix-en-Provence (peu de temps après Varsovie) en une nouvelle production du superbe Ange de feu de Prokofiev – un opéra décidément très à la mode en ce moment.


En attendant, un voyage en Pologne s’impose pour apprécier les productions de Trelinski déjà inscrites au répertoire de plusieurs institutions, comme à Varsovie en ce moment où la passionnante relecture psychanalytique de Turandot affiche complet. A Wroclaw, la production plus ancienne du Roi Roger, créée en 2007, ne remporte malheureusement pas le même succès public, malgré ses réelles qualités. A l’instar de Turandot, Trelinski choisit d’explorer les confins de l’âme afin d’analyser les motivations des personnages. En une transposition contemporaine très réussie au niveau des éclairages et de l’aspect visuel en général (une constante chez Trelinski), le premier acte s’avère très réussi dans la critique sociale des hiérarchies individuelles à l’Eglise. L’accueil violent du Berger-prophète n’en prend que davantage de saveur, tandis que le II déçoit en comparaison par manque d’idées: la transposition dans un appartement glamour-chic façon Fassbinder peine à convaincre. Trop répétitive, la direction d’acteurs retrouve davantage de liberté au III lorsque Trelinski symbolise l’enfermement psychologique du Roi Roger dans le dénudement du plateau. Plus encore, le bouleversement final du Roi qui assiste à sa propre mort dans les bras de son fidèle Edrisi émeut, tout autant que l’allusion au soleil libérateur comme figure divine.


Stanislaw Kuflyuk incarne un Roi Roger tout d’autorité et de présence, avec des phrasés souple et harmonieux. C’est là l’une des grandes satisfactions de la soirée avec la direction cursive et très à-propos de Marcin Nalęcz-Niesiolowski. Directeur de l’Opéra de Wroclaw, le chef polonais tisse d’admirables textures vénéneuses qui mettent en valeur les passages envoûtants et capiteux proches de Scriabine et Schreker, sans oublier les élans dramatiques verticaux indispensables à cet ouvrage très symphonique dans son écriture. Plus en retrait, Lukasz Gaj (Le Berger) met du temps à se chauffer, avant d’assurer sa partie avec une voix au format modeste. Aleksander Zuchowicz (Edrisi) fait valoir un beau timbre malheureusement parfois pris en défaut dans les accélérations, mais c’est plus encore la sonore Roxane d’Iwona Socha qui déçoit à force d’approximations techniques occasionnant faussetés et nombreux passages en force.



Florent Coudeyrat

 

 

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