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Cent ans jour pour jour Tourcoing Théâtre municipal Raymond Devos 03/23/2018 - et 25*, 27 mars 2018 Claude Debussy: Pelléas et Mélisande Sabine Devieilhe*/Anna Reinhold (Mélisande), Guillaume Andrieux (Pelléas), Alain Buet (Golaud), Renaud Delaigue (Arkel), Salomé Haller (Geneviève), Liliana Faraon (Yniold), Geoffroy Buffière (Un médecin, Un berger)
Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, Jean Claude Malgoire (direction musicale)
Christian Schiaretti (mise en scène), Fanny Gamet (scénographie), Thibaut Welchlin (costumes), Julian Grand (lumières)
Ce 25 mars marquait les cent ans, jour pour jour, de la mort de Debussy. A cette occasion, l’Atelier lyrique de Tourcoing reprend sa production de Pelléas et Mélisande, créée en 2015, en conservant la même distribution, à une exception près. Christian Schiaretti collabore depuis longtemps avec cette structure artisanale. Si sa mise en scène d’Orlando Furioso a peu convaincu l’année passée, celles de L’Italienne à Alger en 2016 et de L’Echelle de soie en 2011 laissent un bon souvenir.
Ce sera encore le cas cette fois-ci, avec cette conception sobre, mais réfléchie, du seul opéra achevé du compositeur. Schiaretti en livre une interprétation limpide, dans une scénographie dépouillée, admirablement mise en lumières, de nature à la fois symbolique et évocatrice. Le spectacle réserve de belles idées, la scène de la tour étant la plus intéressante, avec cette manière subtile de représenter la chevelure de Mélisande, symbolisée par de longues et fines cordes disposées en rideaux. Le résultat se révèle crédible et de bon goût, mais il aurait fallu renoncer à cette maquette de forteresse, pour rester dans l’abstraction. Et peut-être aussi à cette scène extraite de la pièce originale de Maeterlinck, déclamée par les servantes et placée entre les quatrième et cinquième actes, car elle rompt la continuité du flux musical de manière peu heureuse. La direction d’acteur demeure plutôt juste compte tenu de l’esprit de l’œuvre, mais certaines scènes, en particulier les dernières, tirent un peu en longueur.
Entendre aujourd’hui une aussi excellente chanteuse que Sabine Devieilhe en Mélisande dans un théâtre pratiquant des tarifs démocratiques constitue une véritable aubaine et prouve la capacité de Jean-Claude Malgoire à fidéliser des artistes confirmés qui se sont forgé une expérience dans l’Atelier après leur formation. La soprano dresse un portrait subtil et sensible de la mystérieuse jeune fille, en exposant la beauté et l’étendue de sa tessiture, ainsi que sa constante maîtrise vocale, notamment sur le plan du phrasé, d’une impeccable netteté. Baryton au timbre clair, Guillaume Andrieux chante Pelléas avec beaucoup de soin et dans un style accompli, en restituant le caractère de son personnage de façon convaincante.
Alain Buet, autre fidèle de l’Atelier, livre une incarnation un peu trop schématique de Golaud, qui manque d’ambiguïté et de violence intérieure pour totalement convaincre, mais fort d’un timbre avenant, il délivre un chant d’une grande noblesse, avec une attention importante portée à l’articulation. Véritable basse chantante, mais aux graves plafonnés, Renaud Delaigue confère autorité et humanité au roi Arkel, mais la ligne accuse quelques fluctuations. Salomé Haller parvient à s’imposer en Geneviève, tandis que Liliana Faraon possède la voix légère, fruitée et juvénile que le rôle d’Yniold requiert – bonne prestation, enfin, de Geoffroy Buffière en Médecin et Berger.
La Grande Ecurie et la Chambre du Roy ne compte assurément pas parmi les formations les plus voluptueuses, mais sous la direction d’un Jean-Claude Malgoire prenant tout son temps pour clarifier la texture, elle joue avec un évident souci de transparence et d’articulation. Les cordes manquent de volupté et les cuivres paraissent parfois hésitants, mais les bois se démarquent durant toute l’après-midi par leur finesse et leur expressivité. Réalisée avec intelligence, humilité et compétence, cette production se montre digne de cet immense chef-d’œuvre.
Le site de l’Atelier lyrique de Tourcoing
Sébastien Foucart
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