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Nuit mahlerienne

Strasbourg
Palais de la Musique
03/01/2018 -  et le 2 mars*
Gustav Mahler : Symphonie n° 7 en mi mineur
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Hartmut Haenchen (direction)


H. Haenchen (© Thomas Brill)


Auditoire raisonnablement fourni ce soir, malgré un triple handicap : ce concert d’abonnement a lieu au milieu des vacances scolaires (est-ce vraiment une bonne idée ?), il tombe sur Strasbourg une abondante neige glissante et la Septième Symphonie de Mahler (de loin pas la plus facile d’accès, voire la moins populaire de toutes) est au programme. A chacun de classer ces trois bémols d’attractivité dans l’ordre qui lui paraît le bon.


Cela dit, les absents ont eu tort. Le chef allemand Hartmut Haenchen tient les rênes de cette Septième Symphonie avec tellement de sûreté et de goût qu’on ne se souvient pas de l’avoir entendue aussi cohérente et attractive depuis bien longtemps. Dans cette symphonie-fleuve, les risques d’échec sont innombrables, à commencer bien sûr par la virtuosité requise de chaque pupitre de l’orchestre. Or ici tout le monde y va crânement, avec des prises de risque pour la plupart couronnées de succès. Tous les meilleurs titulaires ne sont pas là (période de vacances ?), mais même avec une physionomie voire une répartition des rôles légèrement modifiée l’Orchestre philharmonique de Strasbourg brille. Très bonne tenue de la plupart des soli de cor, intéressante jeune hautboïste dont la discrète verdeur n’empêche pas une vraie musicalité, et même une trompette incisive, brillante et surtout juste ! Dommage que le rare saxhorn baryton du premier mouvement paraisse confronté à davantage de problèmes.


A soixante-quatorze ans, Hartmut Haenchen ne se refuse aucun défi. On ne souvent de sa magnifique direction musicale du revival de la production de Tristan und Isolde de Heiner Müller à Lyon la saison dernière, exploit qu’il entrelardait, pour faire bonne mesure, d’une petite série d’Elektra de Strauss: une alternance tout sauf reposante ! Et l’énergie pondérée avec laquelle il coordonne à Strasbourg une partition qui a spontanément un peu trop tendance à partir de tous les côtés est assez impressionnante. Difficile de rendre compte de chaque détail juste qui nous a frappé au cours de cette exécution très riche. C’est surtout une combinaison pertinente entre hédonisme sonore (avec des alliages de timbres qui avouent clairement leurs parentés avec Wagner voire Richard Strauss) et rigueur d’une lecture toujours architecturée que l’on retient. Un mélange savamment dosé qui fait qu’on ne s’ennuie jamais, même quand se succèdent des pages et des pages de partition au discours tortueux. L’art de récupérer dans la foulée les torrents d’énergie positive du Finale, dont les flonflons délibérés sont toujours habilement intégrés, est aussi d’une rare intelligence.


A noter enfin la fine différenciation des Nachtmusiken I et II, mouvements en position paire qui apportent une détente relative et dont on peut goûter pleinement les subtils jeux de timbre (de véritables Klangfarbenmelodien avant la lettre). Dans le coin gauche guitare et mandoline semblent bénéficier d’une discrète amplification, sans doute utile. En tout cas un parfait travail d’équilibrage, accompli par un chef assez largement mésestimé et qui devrait pouvoir accomplir sur le tard encore quelques riches années d’une carrière à suivre de près.



Laurent Barthel

 

 

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