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Un concert à marquer d'une pierre blanche Geneva Victoria Hall 02/25/2018 - et 27 février, 1er*, 3 mars 2018 Robert Schumann : Szenen aus Goethes Faust Markus Werba (Faust, Dr Marianus, Pater Seraphicus), Genia Kühmeier (Marguerite, Une pénitente), Albert Dohmen (Mephistophélès, L’Esprit Malin), Bernard Richter (Ariel, Pater Ecstaticus, Ange accompli), Bernarda Bobro (Marthe, Le Souci, Magna Peccatrix), Katjia Dragojevich (Le Manque, Mulier Samaritana, Mater Gloriosa), Nadine Weissmann (La Faute, Maria Aegyptiaca), Sami Luttinen (Pater Profundus, Ange accompli), Fosca Aquaro (Soprano 3 solo), Cristiana Presutti (Soprano 4 solo), Mi Young Kim (La Misère), Nauzet Valerón (Ténor 1 solo), Jaime Caicompa (Ténor 2 solo)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre, Magali Dami, Fruzsina Szuromi (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Ira Levin (direction musicale)
(© GTG/Magali Dougados)
Genève vient de vivre quelques semaines à l’heure de Faust. Après l’opéra de Gounod du même nom présenté en février, avec un succès mitigé il faut bien le dire, le Grand Théâtre et l’Orchestre de la Suisse Romande ont uni leurs forces pour proposer aux mélomanes les très rares Scènes de Faust de Schumann, une des plus belles partitions du compositeur. Cette fois, la réussite a été éclatante. Dommage seulement qu’en ce premier jour du mois de mars, la salle comptait de nombreux fauteuils vides, les abondantes chutes de neige de la matinée ayant incité plusieurs spectateurs à rester chez eux. L’œuvre comprend treize scènes tirées du drame de Goethe. Schumann n’a gardé que la dimension spirituelle de l’ouvrage et a écarté tous les éléments pittoresques. La partition a été composée en dix ans, en trois phases successives, en hommage à Clara Schumann, la femme du compositeur. Elle a été créée en 1862, soit six ans après le décès de Schumann. Cet « oratorio profane » est typique de l’apogée du romantisme, avec sa musique au lyrisme exacerbé, tour à tour fougueuse, mystique et angoissante. Dès les premières mesures, le chef Ira Levin en propose une lecture énergique et passionnée, marquée d’un grand sens de la théâtralité. L’Orchestre de la Suisse Romande répond parfaitement à ses intentions, avec un son soyeux et lumineux des grands soirs. On relèvera aussi la magnifique prestation du Chœur du Grand Théâtre et de la Maîtrise du Conservatoire populaire.
Le plateau vocal est homogène et de grande qualité. On retient tout d’abord le Faust à la voix claire et à la présence intense de Markus Werba. Gretchen (Marguerite) a les traits de Genia Kühmeier, qui campe un personnage délicat et émouvant, à la voix ronde et lumineuse. Albert Dohmen incarne un Méphisto sombre et effrayant, avec une voix quasiment sépulcrale. On n’oubliera pas non les interventions du ténor Bernard Richter, à la voix claire et raffinée, malgré une tendance à souvent chanter forte. Ces Scènes de Faust resteront assurément comme l’un des moments forts de la saison musicale genevoise.
Claudio Poloni
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