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Un rêve à moitié exaucé

Lausanne
Opéra
02/09/2018 -  et 11 février 2018
Vincenzo Bellini : La sonnambula
Olga Peretyatko (Amina), Antonino Siragusa (Elvino), Nicolas Courjal (Il conte Rodolfo), Cristina Segura (Teresa), Marie Lys (Lisa), Jean-Raphaël Lavandier (Alessio), Fernando Cuellar Leon (Un notaro)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Antonio Greco (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Giampaolo Bisanti (direction musicale)
Nicolas Wintsch (vidéo), Henri Merzeau (lumières)


(© Alan Humerose)


Le belcanto est un répertoire complexe et ardu, qui pose des exigences spécifiques aux chanteurs, que ce soit en termes de vocalises, de phrasé ou de souffle. Programmer certains ouvrages de Bellini, Donizetti ou Rossini peut relever du casse-tête pour les directeurs d’opéra, tant les voix rompues à ce répertoire sont peu nombreuses aujourd’hui. Il n’est donc guère étonnant que La Somnambule qui vient d’être présentée en version de concert à Lausanne n’a pas répondu à toutes les attentes. D’autant que, basée sur une intrigue des plus minces, la partition de Bellini ne vaut que pour les voix, ou presque. Après avoir interprété pour la première fois les personnages féminins des Contes d’Hoffmann à Monaco il y a trois semaines, Olga Peretyatko se lance avec Amina dans une nouvelle prise de rôle. Dans son premier air (« Come per me sereno »), on sent la soprano russe particulièrement précautionneuse, avec des duretés dans la voix et même des difficultés dans les aigus. Heureusement, la tension se libère au fil de la soirée et la chanteuse finit par composer un personnage de jeune fille fragile et touchante, avec un chant délicat et raffiné et des vocalises négociées avec souplesse et agilité. L’air final (« Ah non credea mirarti ») est une incontestable réussite. Avec le temps, Amina pourrait bien devenir l’un des rôles fétiches d’Olga Peretyatko, un rôle qui correspond parfaitement à sa typologie vocale actuelle.


L’entrée en scène d’Antonino Siragusa en Elvino n’est pas pour rassurer : le ténor italien s’époumone et accumule les problèmes d’intonation. Mais lui aussi se ressaisit en cours de soirée pour offrir une prestation globalement satisfaisante, incarnant un amoureux ardent, malgré des sonorités nasales et une tendance à souvent chanter en force. Même si la voix manque d’italianità, Nicolas Courjal est le soliste qui tire le mieux son épingle du jeu, avec son incarnation noble du comte et son chant stylé et très expressif ainsi que son timbre de cuivre. Aucun des rôles secondaires n’est véritablement familier du répertoire belcantiste, à commencer par la jeune soprano Marie Lys, qui campe une Lisa très scolaire et appliquée. Le bonheur vient plutôt de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, placé derrière les chanteurs, accompagnateur attentif et raffiné, sous la baguette experte de Giampaolo Bisanti.


Le spectacle a été présenté sous forme de mise en espace, avec des solistes et des choristes en costumes et quelques accessoires posés sur le plateau (notamment un lit et des chaises). Des vidéos de montagnes, de lacs, de moulins et de forêts confèrent la touche bucolique requise par le livret. Si certains solistes tiennent parfois une partition dans leur main, Olga Peretyatko a, elle, les yeux constamment rivés sur une tablette. La technologie s’invite à l’opéra ! Mais il est certain que son Amina gagnera en intensité lorsque la soprano sera en mesure de se détacher complètement de la partition.



Claudio Poloni

 

 

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