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Brahms tel que l’aurais peut-être joué un Debussy...

Geneva
Victoria Hall
02/07/2018 -  
Robert Schumann: Thème et variations en mi bémol majeur “Geistervariationen”, WoO 24
Johannes Brahms: Klavierstücke, opus 117, 118 et 119
Wolfgang Amadeus Mozart: Rondo en la mineur, K. 511
Johann Sebastian Bach: Das wohltemperierte Klavier (Erster Teil): Prélude et Fugue No. 24 en si mineur, BWV 869
Ludwig van Beethoven: Sonate pour piano n° 26 “Les Adieux, l’Absence et le Retour”, opus 81a

Sir András Schiff (piano)


A. Schiff (© Jennifer Taylor)


Il existe une certaine tradition, disons hambourgeoise ou allemande, qui demande à ce que les œuvres pour piano de Brahms soient jouées en insistant sur leur densité comme s’il avait voulu orchestrer son écriture pianistique. Comme nous l’a rappelé Sir András Schiff dans l’entretien qu’il nous accordé, les instruments de l’époque étaient différents que ceux d’aujourd’hui. Et c’est naturellement, que Schiff, grand patricien de Bach, nous présente ici un Brahms tout en nuances et soucieux du phrasé nous rappelant à que point le compositeur connaissait et appréciait les œuvres de Schütz.


Le choix des Geistervariationen de Schumann donne le ton de ce récital. Il s’agit d’une des dernières œuvres du compositeur, clair-obscur plein de mystère dont les deux seules nuances que Schumann va indiquer sur sa partition sont piano et fortepiano. Schiff respecte ces indications mais surtout montre au fil de ces cinq variations combien il peut y avoir de graduations de son entre ces deux indications sonores. Des pièces de Brahms, il n’y aura que quelques passages forte dans les Pièces opus 117 et 118, (la Rhapsodie de l’Opus 119 étant plus brillante et présentant un vrai fortissimo) mais elles n’ont aucune dureté. Plus fondamentalement, Schiff nous montre qu’il est possible de respecter la ligne musicale et de faire ressortir la richesse harmonique de ces œuvres sans saturer le son ni diminuer leur caractère. Qui sait, c’est peut-être comme cela que Debussy a ou aurait joué Brahms...


Le pianiste anglo-hongrois et anobli par Sa Majesté est peut-être plus à l’aise dans Bach que dans un Mozart, un peu sévère. Mais il y a dans sa lecture sobre et calme de la Vingt-sixième Sonate de Beethoven un équilibre plein de sagesse. Il est inutile d’en faire trop et Schiff fait ici confiance à Beethoven.


Très concentré, le public subjugué a permis à Schiff d’enchainer sans pause les œuvres des différents compositeurs. Il n’est pas de meilleure marque de respect que la qualité du silence et Schiff récompense son public par l’Arabesque de Schumann. La future saison des “Grands interprètes” a commencé à être dessinée. Il y aura de nombreux pianistes, nous y reviendrons mais dans l’immédiat, cette soirée était d’une rare distinction.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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