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Quand l’acoustique s’en mêle...

Paris
Eglise Saint-Roch
01/30/2018 -  et 1er (Barcelona), 2 (Wien) février 2018
Johann Sebastian Bach : Cantates «Argre dich, o Seele, nicht», BWV 186, et «Herr, gehe nicht ins Gericht», BWV 105 – Missa brevis, BWV 234
Dorothee Mields (soprano), Alex Potter (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooij (basse)
Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)


A. Potter (© Annelies van der Vegt)


Sorte de rituel du mois de janvier: on va écouter Philippe Herreweghe dans Bach en l’église Saint-Roch! Car, depuis de nombreuses années, les productions Philippe Maillard permettent au chef flamand de diriger des cantates (voir en 2005, 2007, mai 2008, novembre 2008 et 2014) ou des œuvres de plus grande ampleur (comme la Messe en si) du Cantor de Leipzig à la tête du chœur et de l’orchestre du Collegium Vocale de Gand en cette belle église, nichée au cœur du premier arrondissement de Paris. Un plaisir renouvelé: plaisir de percevoir ces affinités jamais démenties entre des interprètes et un compositeur, plaisir de voir des visages de musiciens qui ont certes pris de l’âge mais qui témoignent d’une fidélité à toute épreuve depuis qu’on les a vus pour la première fois à Saintes (pour un Magnificat de Bach... c’était en 1991!), plaisir d’une ambiance également particulière où l’on a davantage l’impression de se retrouver entre amis qu’entre simples spectateurs d’un concert...


D’où la nette déception ressentie au sortir du concert de ce soir qui, en tout cas en étant placé au tiers à peu près de l’église Saint-Roch, aura pâti d’une très mauvaise acoustique, rendant inaudible les détails du contrepoint et des chants illustrant des partitions à la finesse pourtant bien connue. Dès le chœur introductif «Argre dich, o Seele, nicht» de la cantate homonyme, le décalage entre voix et orchestre est patent, Philippe Herreweghe devant encore accentuer le battement de la mesure dans le très bel air de basse «Bist du, der mihr helfen soll» (où le doublement du violoncelle de la basse continue par le basson est fort bien fait) ainsi que dans le choral conclusif où de vrais problèmes de calage se posent entre les cordes et les vents. N’omettons tout de même pas certains points fort positifs, qu’il s’agisse de ce oboe da caccia (malheureusement pas toujours audible) dans l’air dévolu au ténor, de la belle souplesse des cordes lorsqu’elles répondent à la voix non moins agile de Dorothee Mields dans l’air «Die Armen will der Herr umarmen» ou du duo entre la soprano et l’alto, partie excellemment tenue par Alex Potter.


Dans la seconde cantate, l’attrait réside non dans le chœur introductif, avec notamment une fugue fort bien menée, mais dans l’usage du rare corno da tirarsi tenu avec parfois une certaine fragilité par Alain de Rudder, instrument assez incroyable puisqu’il s’agit d’un petit cor auquel est ajoutée une coulisse digne d’un petit trombone, la sonorité – pas toujours facilement audible – étant presque plus proche d’un bois que d’un cuivre. Thomas Hobbs voit ainsi son air «Wie starb die Heldin so vergnügt!» presqu’éclipsé par cet instrument peu commun, que l’on peut néanmoins par exemple entendre dans la Cantate BWV 162.


Quant à la Missa brevis, c’est sans doute l’œuvre qui, après un bref entracte permettant seulement le raccord des musiciens, laissa l’impression la plus mitigée. Le fameux «Gloria» n’a notamment pas su exprimer la joie que l’on y attendait, le côté cinglant voire abrupt du chœur laissant place à des sonorités émollientes où toute colonne vertébrale faisait défaut, le son se perdant de façon étonnamment rapide. C’est d’autant plus dommage que les deux flûtes (prenant la place des hautbois partis lors de l’entracte) furent très bien tenues et accompagnèrent de belle manière le «Qui tollis» chanté par la soprano, la messe étant néanmoins dominée à notre sens par le remarquable duo entre la violoniste solo Christine Busch et Peter Kooij, dont l’âge ne semble jamais affecter ni la diction, ni l’incarnation.


Contrairement à ce que nous en attendions, ce fut donc un concert en demi-teinte: attendons de voir ce que nous réserve janvier 2019...


Le site d’Alex Potter
Le site de Thomas Hobbs
Le site de Peter Kooij
Le site du Collegium Vocale de Gand



Sébastien Gauthier

 

 

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