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Enfermement

Bruxelles
La Monnaie
01/16/2018 -  et 18, 19, 21*, 23, 25, 27 janvier 2018
Luigi Dallapiccola: Il prigioniero
Wolfgang Rihm: Das Gehege

Angeles Blancas Gulín (La Madre/Die Frau), Georg Nigl (Il prigioniero), John-Graham Hall (Il carceriere, Il Grande Inquisitore), Julian Hubbard (Primo sacerdote), Guillaume Antoine (Secondo sacerdote)
Chœurs de la Monnaie, Académie des chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Franck Ollu (direction)
Andrea Breth (mise en scène), Martin Zehetgruber (décors), Nina Von Mechow (costumes), Alexander Koppelmann (lumières)


(© Bernd Uhlig/La Monnaie)


La Monnaie débute l’année avec un diptyque inédit. Le Prisonnier (1950) et L’Enclos (2006) partagent les mêmes thèmes : l’enfermement, l’illusion de la liberté, le lien entre victime et bourreau. Si l’opéra en un prologue et un acte de Dallapiccola, un de ses chefs-d’œuvre, occupe une place importante dans l’histoire de la musique italienne du vingtième siècle, la scène nocturne de Wolfgang Rihm, de durée équivalente, demeure peu connue et ne bénéficie pas de la même réputation : une femme libère un aigle, mais comme l’animal se détourne d’elle, elle le tue. Cet ouvrage d’après une pièce de Botho Strauss rappelle Salomé avec lequel il a été couplé à sa création, mais aussi Erwartung de Schönberg, autre œuvre courte, tendue et baignée dans l’obscurité.


Le théâtre a monté en 2015 une autre pièce du compositeur allemand, Jakob Lenz, également mise en scène par Andrea Breth et dirigée par Franck Ollu. Fouillée jusqu’au tréfonds de l’âme, la direction d’acteurs exploite un espace unique, formé d’un assemblage de cages dans une enceinte de béton : une scénographie froide, épurée, intemporelle. En dépit de l’unité conceptuelle et de l’intérêt dramaturgique du spectacle, l’ouvrage de Rihm ne marque pas autant l’esprit que le formidable plaidoyer contre le totalitarisme de Dallapiccola. Malgré sa tension psychologique, la mise en scène ne parvient pas non plus à rendre totalement crédible la charge érotique de la confrontation entre la femme et l’aigle, Andrea Breth s’étant montrée plus audacieuse dans La Traviata en 2012.


Franck Ollu se profile comme le chef idéal dans ce répertoire. Manifestant une proximité évidente avec cette musique, il en restitue l’expressivité tout en réglant la mise en place avec minutie. L’orchestre produit une sonorité sensuelle, incisive et limpide, ce qui n’exclut pas le lyrisme. Sa performance fine et expressive contribue en grande partie à la réussite de cette production. Le spectacle repose aussi sur deux stupéfiantes personnalités, modèle d’engagement scénique et de maîtrise vocale à un haut degré d’achèvement et de conviction : Georg Nigl, souvent applaudi sur cette scène, et Angeles Blancas Gulín, que nous découvrons à cette occasion. La soprano incarne la Mère et la Femme avec beaucoup d’intensité et en parcourant avec agilité une tessiture large. Il convient aussi de saluer une fois de plus le talent et le métier de John-Graham Hall en Geôlier et Grand Inquisiteur. Ce fidèle de la Monnaie répond toujours aussi admirablement aux exigences vocales et théâtrales de ses rôles.



Sébastien Foucart

 

 

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