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Herbert Blomstedt le cosmopolite

Paris
Philharmonie
01/17/2018 -  18 janvier 2017
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 39 en mi bémol majeur, K. 543
Anton Bruckner : Symphonie n° 3 en ré mineur (version 1872-1873)

Orchestre de Paris, Herbert Blomstedt (direction)


H. Blomstedt (© Martin U. K. Lengemann)


Né aux Etats-Unis mais naturalisé suédois, Herbert Blomstedt est à lui seul un exemple de cosmopolitisme et de brassage des cultures, défendant avec la même réussite le grand répertoire germanique et les compositeurs nordiques que sont Sibelius, Berwald ou Nielsen... Depuis quelques années, le public semble avoir redécouvert ce chef charismatique et attachant, ses pas le conduisant toujours aux quatre coins du monde en dépit de ses quatre-vingt-dix printemps passés, à la tête des plus grands orchestres. Invité régulier de l’Orchestre de Paris, il retrouvait ce soir la phalange parisienne pour un concert dédié à Mozart et Bruckner qui fut, une nouvelle fois pourrait-on écrire, exceptionnel.


Contrairement à son récent concert berlinois, Herbert Blomstedt dirigea debout, la symphonie de Mozart ne nécessitant ni estrade, ni barre à laquelle se tenir ou s’appuyer, le chef apparaissant plus que jamais fringant et facétieux à l’égard de musiciens qu’il conduisit dans une entente musicale évidente. Sans renier le recours à des effectifs conséquents, Blomstedt enleva cette Trente-neuvième symphonie (1788) avec une grâce et une légèreté de chaque instant. La clarté de l’orchestre où brilla la petite harmonie – excellent Philippe Berrod à la clarinette dans le Menuetto et surtout formidable Giorgio Mandolesi au basson dans le Finale, qu’on eut d’ailleurs la chance d’entendre deux fois à la faveur de la reprise! – fut le véritable fil conducteur de cette interprétation où, notamment dans un deuxième mouvement irréprochable, le chef veilla à un parfait équilibre entre les vents, guidés par sa main gauche, et les cordes, relancées par sa main droite. La légèreté de l’ensemble, la fluidité du phrasé et la souplesse des cordes firent merveille, nous faisant regretter que les symphonies de Mozart ou de Haydn ne soient pas plus fréquemment données en concert.


Herbert Blomstedt, nous l’avons écrit à plusieurs occasions (voir notamment ici et ici), est aujourd’hui certainement l’un des plus grands chefs brucknériens en exercice. Il l’aura ô combien de nouveau prouvé ce soir! Choisissant de défendre, comme il le fit quelques semaines plus tôt à la Philharmonie de Berlin, l’édition primitive de 1872-1873 qui, avouons-le, comprend quelques longueurs (notamment dans le deuxième mouvement) et ne claque pas autant dans le premier mouvement que dans l’ultime version de 1889-1890, Blomstedt parvint à surpasser à notre sens sa prestation berlinoise. L’Orchestre de Paris fut ainsi véritablement transcendé, synthétisant dans une espèce d’équilibre idéal la rigueur et la masse orchestrale allemandes (mentionnons par exemple les neuf contrebasses ou les cinq cors emmenés par le toujours aussi impérial André Cazalet) et la lumière italienne d’une symphonie qui, si elle est la première à rassembler tous les éléments orchestraux propres et chers à Bruckner, reste fortement apparentée à la printanière Deuxième Symphonie, son caractère «aimable» étant un leitmotiv constant, y compris dans le Scherzo. Si le premier mouvement offrit des tutti d’une incroyable splendeur (au milieu du mouvement en particulier), c’est surtout l’Adagio, feierlich qui fut exemplaire tant Blomstedt en tira des sonorités d’une renversante beauté où s’illustra notamment un pupitre d’altos du plus haut niveau. Tout au plus pourra-t-on regretter un Scherzo manquant quelque peu de contraste entre le Scherzo proprement dit et un Trio qui ne dit pas son nom. Dirigeant comme à son habitude sans baguette, invitant chaque intervention par un léger balancement des avant-bras ou stoppant net l’orchestre par un simple et léger mouvement des poignets, Blomstedt enleva le dernier mouvement avec une réussite tout aussi incontestable, lui permettant d’être une nouvelle fois ovationné tant par l’orchestre que par le public qui, assurément, le portent l’un et l’autre au plus haut dans leur cœur.



Sébastien Gauthier

 

 

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