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Des choix assumés Vienna Konzerthaus 12/12/2017 - Franz Schubert: An den Mond, D. 259 – Wandrers Nachtlied I, D. 224 – Lachen und Weinen, D. 777 – Im Frühling, D. 882 – An Silvia, D. 891 – Der Musensohn, D. 764 – Schwanengesang, D. 957: 4. «Ständchen» – Nacht und Träume, D. 827 – Ganymed, D. 544 – Seligkeit, D. 433 – Sei mir gegrüsst, D. 741 – Abendstern, D. 806 – Erlkönig, D. 328
Edward Elgar: Sea Pictures, opus 37
Francis Poulenc : Banalités, FP107: 2. «Hôtel» & 4. «Voyage à Paris»
Reynaldo Hahn : Chansons grises: 5. «L’heure exquise»
Erik Satie : Je te veux Alice Coote (mezzo-soprano), Julius Drake (piano)
A. Coote (© Benjamin Ealovega)
Les amateurs de belles voix doivent, à Vienne, savoir faire preuve de don d’ubiquité ou à défaut savoir faire des concessions: comme s’il ne suffisait pas d’avoir à sa disposition trois maisons d’opéra, voici que le Konzerthaus propose dans un embouteillage de programmation, Rolando Villazón/Ildar Abdrazakov simultanément à Alice Coote. Ceux qui auront préféré l’atmosphère intime de la «petite» salle Mozart au grand spectacle de la Grosser Saal auront été récompensé par un récital varié, alliant les grands standards schubertiens à des pièces plus rarement données comme le cycle de Sea Pictures d’Elgar.
Alice Coote laisse rarement un répit à l’auditeur: on connaît son timbre chaleureux de mezzo-soprano, mais elle n’abuse pas du charme facile qu’elle pourrait en tirer. Toujours à la recherche de sens, elle sculpte le timbre de manière quasi expressionniste, afin de mieux faire parler le texte. Elle n’hésite pas à chanter entre les dents ou à imprimer un timbre différent pour chaque mot (comme à la conclusion d’ Im Frühling), sans perdre en cohérence ou paraître exagérément ampoulée. Elle sait lancer le phrasé (An Silvia), paraître essoufflée sans perdre le souffle (Der Musensohn), faire attendre ses entrées avec subtilité (Abendstern) et soigner ses attaques avec une immense précision (Ganymed).
Dans le cycle composé par Elgar, la chanteuse donne dans un registre plus opératique, le piano de Julius Drake parvenant à donner une texture orchestrale très convaincante à l’accompagnement. Les pièces de Reynaldo Hahn, Poulenc et Satie qui alternent en cette fin de récital sont assemblées par un lien sémantique.
En fin de compte, une prestation variée qui impressionne souvent, agace parfois, et qui brille plus par son registre dramatique et la qualité de sa construction programmatique que par son expression intime.
Dimitri Finker
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