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Trois, quatre, six Bruxelles Flagey, Studio 4 12/10/2017 - Antonín Dvorák: Terzetto, opus 74 – Quatuor à cordes n° 13, opus 106 – Sextuor à cordes, opus 48 Miguel da Silva (alto), Gary Hoffman (violoncelle), Quatuor de Jérusalem: Alexander Pavlovsky, Sergei Bresler (violon), Ori Kam (alto), Kyril Zlotnikov (violoncelle)
(© Felix Broede)
La huitième édition du Festival de la Chapelle musicale se clôt ce dimanche avec le Quatuor de Jérusalem. En résidence à Flagey depuis l’année passée, la formation israélienne s’illustre dans trois œuvres de Dvorák pour différents effectifs. Si le nombre de musiciens change à chaque fois, le niveau reste élevé. Les musiciens affichent une rigueur superlative et produisent une sonorité raffinée, ce qui s’entend dès le Terzetto (1887). Leur jeu témoigne d’une harmonie parfaite, mais il paraît un peu trop lisse, l’acoustique du Studio 4 participant à cette impression.
La prestation, nette et limpide, repose sur une construction rigoureuse. Le Treizième Quatuor (1895) permet de mieux s’en rendre compte, par exemple dans l’Adagio, dont les interprètes énoncent le premier thème avec justesse et plénitude. Ils restituent subtilement les inflexions typiquement tchèques, leur approche sobre de la musique n’excluant aucunement l’émotion. La maîtrise dont ils font preuve procure un grand sentiment de satisfaction : précision du phrasé, naturel du dialogue instrumental, équilibre des proportions, évidence des tempi, beauté des timbres. Les qualités se multiplient, mais un supplément d’âme et de charisme aurait conféré encore plus de force à cette exécution.
Deux maîtres en résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth rejoignent le Quatuor de Jérusalem en seconde partie. Dans le Sextuor (1878), Miguel da Silva et Gary Hoffman partagent avec leurs partenaires le même souci de rigueur et de beauté. L’ensemble ainsi constitué imprime à ces quatre mouvements de l’élégance et de la légèreté, mais avec un peu trop de neutralité. Aucun bis ne permet de profiter une dernière fois de ce jeu plein finesse et de cette constante attention portée aux détails.
Une heure avant le début du concert, le public fut convié à une plaisante rencontre animée par Elsa de Lacerda avec un mathématicien de la Vrije Universiteit Brussel, Isar Goyvaerts, et le pianiste Julien Libeer pour s’interroger sur l’idéal musical du chiffre 4. Les personnes présentes prirent sans doute conscience des bienfaits, algébriques, géométriques et sonores, de ce nombre, mais il aurait fallu une conférence bien plus longue pour mieux comprendre pourquoi le quatuor à cordes constitue pour le compositeur un genre aussi prisé et exigeant.
Le site du Quatuor de Jérusalem
Sébastien Foucart
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