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Justice partiellement rendue

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Opera Vlaanderen
11/17/2017 -  et 21, 25, 29 novembre, 3*, 6 décembre 2017
Gaetano Donizetti: Le Duc d’Albe (version complétée par Giorgio Battistelli)
Ania Jeruc (Hélène d’Egmont), Enea Scala (Henri de Bruges), Kartal Karagedik (Le Duc d’Albe), David Shipley (Sandoval), Markus Suihkonen (Daniel), Denzil Delaere (Carlos, Balbuena), Stephan Adriaens (Un tavernier)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef des choeurs), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Andriy Yurkevych (direction)
Carlos Wagner (mise en scène), Alfons Flores (décors), A. F. Vandevorst (costumes), Fabrice Kebour (lumières)


(© Annemie Augustijns)


L’Opéra des Flandres reprend la production du Duc d’Albe (1839). Cet opéra inachevé et rarement monté se base sur un livret en français que Verdi réutilisera pour les Vêpres siciliennes dans une version remaniée. Cinq ans plus tard, la contribution de Giorgio Battistelli, qui a complété la partition et l’orchestration, demeure pertinente. Composée dans un idiome contemporain, sa musique se glisse entre les pages originales sans que l’inévitable hiatus stylistique ne paraisse gênant. C’est elle qui conclut admirablement l’ouvrage, dans un climat retenu du plus bel effet. Un enregistrement audio du spectacle de 2012 existe désormais chez Dynamic pour permettre aux sceptiques ou aux curieux de mesurer la valeur de cette audacieuse proposition qui, selon nous, ne porte aucunement préjudice à Donizetti.


La mise en scène sombre et futuriste de Carlos Wagner constitue un autre motif de satisfaction. Cette reprise en préserve l’impact, mais avec le recul, le spectacle tire clairement moins sa force de la direction d’acteur, ordinaire, que de la beauté du dispositif, admirablement mis en lumières par Fabrice Kebour. Cette vierge éclatée, cette passerelle, ces soldats gigantesques en ordre de marche, ces croix de cimetière militaire, ces zombies à la tête tranchée forment de saisissantes images.


Pour cette nouvelle série de représentations, l’Opéra des Flandres réunit une distribution peu enthousiasmante qui tombe dans le même travers que la fois dernière : la prononciation accuse des lacunes et cause de sérieux dommages. Des interprètes à la diction parfaite conféreraient plus d’élégance à cet ouvrage conçu à la manière du grand opéra à la française. Kartal Karagedik incarne le rôle-titre avec une aisance théâtrale incontestable, mais le baryton chante approximativement, sans style et dans un sabir incompréhensible, le timbre demeurant peu consistant dans les graves.


Dans la première partie, Ania Jeruc peine à convaincre en Hélène, mais elle satisfait mieux aux attentes dans la seconde, bien que son personnage manque d’aura, et la vocalité de raffinement. Cette voix peu moelleuse se révèle plus d’une fois mince et fragile dans le medium, mais la soprano parcourt le haut du registre avec plus de fermeté. C’est Enea Scala qui rehausse l’intérêt de ce plateau moyen. Ce ténor lumineux affiche en Henri de Bruges de belles qualités d’émission et développe une ligne vocale légère et nette, avec suffisamment de fraîcheur et d’éclat. Les autres rôles sont bien tenus mais les prestations de David Shipley, de Markus Suihkonen et de Denzil Delaere ne révèlent pas de haut potentiel.


Le spectacle tire profit de la direction inspirante d’Andriy Yurkevych. Vigoureux et précis, l’orchestre sonne admirablement, avec autant de naturel dans la partition de Donizetti que dans les pages de Battistelli, mais il se montre moins soucieux d’élégance que de drame. Le chœur, enfin, fort sollicité, livre, une fois de plus, une performance aboutie et engagée. Le spectacle tient droit, mais à cause de la distribution peu coutumière de la langue française, cette reprise ne rend que partiellement justice au Duc d’Albe.



Sébastien Foucart

 

 

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