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Un Nain pour un petit orchestre

Lille
Opéra
11/16/2017 -  et 18*, 20 novembre 2017
Alexander von Zemlinsky: Der Zwerg (adaptation de Jan-Benjamin Homolka)
Mathias Vidal (Le Nain), Jennifer Courcier (Donna Clara), Julie Robard-Gendre (Ghita), Christian Helmer (Don Estoban), Laura Holm, Fiona McGowen, Marielou Jacquard (trois caméristes)
Chœur de 8 compagnes, Ensemble Ictus, Franck Ollu (direction)
Daniel Jeanneteau (mise en scène, scénographie), Marie-Christine Soma (lumières), Olga Karpinsky (costumes)


(© Opéra de Lille)


Cette nouvelle production du Nain (1922) peut induire en erreur le spectateur pressé lors de l’achat de son billet. L’Opéra de Lille indique pourtant que ce spectacle familial recourt à une adaptation pour orchestre de chambre, la fosse ne pouvant contenir l’important effectif pensé par Zemlinsky. La version originale demeure irremplaçable, comme l’atteste l’enregistrement de référence paru chez Warner/EMI, mais cet arrangement pour une formation de dix-huit instruments restitue, sous un format réduit, la richesse et la sophistication de cette musique. Jan-Benjamin Homolka en préserve aussi l’intensité et le lyrisme, mais certains passages manquent de puissance et de liant, ce qui suscite le regret de ne pas plutôt entendre, à ce moment-là, un orchestre plus fourni. Heureusement, Franck Ollu dirige une excellente formation, l’Ensemble Ictus, capable de précision, de lyrisme et de puissance.


Comme d’habitude dans cette maison soucieuse de qualité, le spectacle témoigne de répétitions minutieuses. La mise en scène sobre et efficiente de Daniel Jeanneteau privilégie la psychologie aux effets, dans une scénographie en blanc et noir dépouillée, admirablement mise en lumière par Marie-Christine Soma. Le spectacle met l’accent sur les cruelles différences entre les classes, et non sur la laideur du nain : voici un jeune homme ordinaire, de taille moyenne, habillé simplement, sans ostentation, comme tant de nos contemporains tenus à l’écart des milieux huppés auxquels appartient Donna Clara.


Cette cruelle désillusion rend d’autant plus universelle cette interprétation sensible et intelligente du drame d’Oscar Wilde, le metteur en scène suggérant subtilement qu’il existe bel et bien, à un bref instant, une attirance mutuelle entre le garçon et la fille. Le glissement de la légèreté au drame s’opère avec fluidité, le spectacle conservant sa tenue et sa cohérence – de la direction d’acteur de haut vol. Le nain découvre son reflet dans un immense miroir qui montre en même temps toute la salle, une idée peu originale, mais pertinente dans ce contexte.


Un véritable esprit de troupe domine une distribution jeune et entraînée. Mathias Vidal compose admirablement le rôle-titre : doté d’un timbre des plus plaisants, ce ténor épanoui excelle dans les accents élégiaques et tragiques. Jennifer Courcier chante avec beaucoup de correction, mais bien que fine et agile, la voix paraît légèrement pincée. Julie Robard-Gendre assure une prestation plus magnétique, par le volume et le timbre. Christian Helmer, voix richement timbrée, campe un Don Estoban au phrasé élégant, tandis que Laura Holm, Fiona McGowen et Marielou Jacquard forment un trio de caméristes bien ajustés. Et c’est un octuor vocal, le Chœur de 8 compagnes, qui remplace le chœur, sans regret.



Sébastien Foucart

 

 

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