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Fantasio pur bonheur

Geneva
Opéra des Nations
11/03/2017 -  et 4, 10, 11, 16, 18, 19, 20 novembre 2017
Jacques Offenbach : Fantasio
Katija Dragojevic (Fantasio), Boris Grappe (Le roi de Bavière), Melody Louledjian (La princesse Elsbeth), Pierre Doyen (Le prince de Mantoue), Loïc Félix (Marinoni), Héloïse Mas (Flamel), Philippe Estèphe (Sparck), Fernando Cuellar (Facio), Jaime Caicompai (Max), Fabrice Farina (Hartmann), Bruno Bayeux (Rutten, Le tailleur, Le garde suisse)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Gergely Madaras (direction musicale)
Thomas Jolly (mise en scène), Alexandre Dain (collaboration artistique), Katja Krüger (assistante à la mise en scène et dramaturgie), Pier Lamandé (assistant à la mise en scène pour le chœur), Thibaut Fack (décors), Sylvette Dequest (costumes), Antoine Travert, Philippe Berthomé (lumières)


(© GTG / Carole Parodi)


La production de Fantasio d’Offenbach signée Thomas Jolly - qui a fait les beaux soirs du Châtelet en février - vient de débarquer à Genève. On ne peut que se réjouir qu’une telle rareté soit amenée à voyager, puisque Rouen, Montpellier et Zagreb sont aussi coproducteurs. Si, à sa création, le spectacle a suscité une impression mitigée dans ces colonnes, il semblerait qu’en Suisse il se soit bonifié, à en croire les applaudissements chaleureux qui ont accueilli tous les artistes à la fin de la soirée. Ce Fantasio est en effet un pur bonheur : le metteur en scène a conçu un spectacle inventif et poétique à la fois, fourmillant d’idées, sans aucun temps mort, un spectacle léger et pétillant, mais sombre aussi, virant au macabre et au fantastique pour traduire la mélancolie et les désillusions qui sous-tendent le livret. Un clair-obscur brillant. Le rideau se lève sur une place aux façades sombres, avec un château en arrière plan, pour se terminer dans un déferlement de couleurs saluant la paix après la guerre. La scénographie est mouvante, figurant les nombreuses inventions de l’époque (1870), de l’industrialisation à l’électricité, en passant par la botanique et la photographie.


Créé à l’Opéra-Comique en 1872, Fantasio est un échec et sera retiré de l’affiche au bout de dix représentations seulement. Un mois plus tard, à Vienne, l’ouvrage ne connaît pas plus de succès, ce qui incite Offenbach à passer à autre chose, et ce sera Les Contes d’Hoffmann, où il reprendra plusieurs passages de Fantasio. Le livret raconte l’histoire du jeune étudiant Fantasio, criblé de dettes, qui se fait engager comme bouffon à la cour du roi de Bavière, dont la fille doit épouser le prince de Mantoue. Ce dernier a échangé ses habits avec son aide de camp afin de sonder les véritables sentiments de sa future épouse. Fantasio s’ingénie à déjouer les projets de mariage et se fait jeter en prison. Mais l’histoire se termine bien puisqu’il sera finalement libéré et en profitera pour faire la fête et savourer la paix retrouvée.


Le (seul) gros bémol de la reprise du spectacle à Genève est la présence dans le rôle-titre d’une chanteuse non francophone. Si Katija Dragojevic possède une présence scénique indéniable, une belle énergie et de nombreuses qualités vocales, son manque de familiarité avec la langue de Molière est particulièrement gênant, d’autant que le rôle a de nombreux passages parlés. Tous les chanteurs de la distribution sont par ailleurs d’excellents comédiens, avec une très bonne diction aussi dans les dialogues. Melody Louledjian est une princesse émouvante, à la voix claire et lumineuse, parfaitement à l’aise dans les vocalises. Son timbre contraste idéalement avec celui de sa suivante Flamel, incarnée par Héloïse Mas, à la voix chaude et corsée. Comme à Paris, Loïc Félix séduit en aide de camp truculent, au caleçon à poix. Le prince de Mantoue de Pierre Doyen ne lui cède en rien dans la drôlerie. Les rôles secondaires sont tous excellents. A la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, Gergely Madaras offre une lecture musicale dynamique et raffinée à la fois, sans éviter cependant quelques lourdeurs. Une exhumation haute en couleur et parfaitement réussie.



Claudio Poloni

 

 

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