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Un anniversaire plein de promesses Paris Radio France 09/15/2017 - Maurice Ravel : La Nuit – L’Aurore – Tout est lumière
Claude Debussy : Nocturnes
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps Barbara Assouline (soprano), Pascal Bourgeois (ténor)
Chœur de Radio France, Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (direction), Orchestre Philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction) (© Christophe Abramowitz)
Rendez-vous exceptionnel, l'Orchestre Philharmonique de Radio France fête ses 80 ans lors ce concert de rentrée ! Une longue histoire qui commence en 1937, trois ans après la fondation de l'Orchestre National de France. Longtemps dans l'ombre de son grand frère, il n'a désormais plus de complexe d'infériorité à faire. L'après-guerre voit le long règne du chef Eugène Bigot, de sa nomination en 1947 à sa disparition en 1965. Ensuite la formation symphonique se cherche, elle est refondée et change de nom en 1976, elle peine à se forger une identité, à se distinguer. Tout change en 1984 avec la nomination de Marek Janowski qui va impulser une remarquable montée en qualité de l'orchestre, lui forger une densité sonore, une rigueur, et en faire une référence dans le répertoire germanique (il commence par un Ring et termine, pour son concert d'adieu, par une formidable Huitième de Bruckner). Ce travail de fond sera poursuivi et amplifié par un autre excellent chef, Myung-Whun Chung, entre 2000 et 2015, avec une ouverture vers d'autres répertoires, de prestigieuses tournées, des chefs invités et des solistes de haut niveau. Le Finlandais Mikko Franck prend sa suite en 2015 et il continue d'imprimer une rigueur et une exigence dignes des plus grands orchestres, ce concert l'a amplement démontré. Oui, le Philhar' est un orchestre passionnant à suivre, comme désormais le National avec son nouveau directeur musical, l'excellent Emmanuel Krivine. Lors de cette saison anniversaire, on pourra d'ailleurs retrouver les deux derniers directeurs musicaux, Chung (29 mars, Neuvième de Mahler) et Janowski (25 mai, Quatrième de Brahms).
Justement, Le Sacre du printemps de Stravinsky a impressionné par sa puissance, son impact, sa précision absolue. Mikko Franck défend une lecture objective à la Boulez, l'orchestre le suit à 100%, le résultat est remarquable. Peu de formations dans le monde peuvent atteindre un tel niveau dans cette œuvre. La première partie commençait par trois pièces de jeunesse de Maurice Ravel pour chœur et orchestre, trois tentatives pour intégrer, sans succès, la Villa Médicis à Rome. On retient une écriture délicate dans un cadre classique, ample comme Daphnis et Chloé mais plus simple dans la forme. Ensuite les Nocturnes de Debussy furent particulièrement réussis - on félicitera aussi la Maîtrise de Radio France - même si on peut regretter que le premier d'entre eux, Nuages, manquait de mystère par une lecture quelque peu prosaïque.
Ce fut aussi un plaisir le lendemain de voir l'orchestre se prêter au jeu de la pédagogie et de la démocratisation de la musique avec une présentation du Sacre par Jean-François Zygel. Dans le cadre des Journées du patrimoine, ce concert gratuit a attiré un public familial enthousiaste.
Le concert est disponible dès maintenant et pour six mois sur Arte Concert. On ne s'en privera pas.
Le concert en intégralité sur Arte Concert:
Philippe Herlin
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