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La rentrée de l’Orchestre de Paris

Paris
Philharmonie
09/06/2017 -  et 8 septembre 2017
Henry Purcell : Music for the Funeral of Queen Mary
Gustav Mahler : Symphonie n° 6

Chœur de l’Orchestre de Paris, Lionel Sow (chef de chœur), Orchestre de Paris, Daniel Harding (direction)


D. Harding (© Julian Hargreaves)


Pour la rentrée de l’Orchestre de Paris, Daniel Harding a choisi, comme c’est décidément la mode, la transversalité : alors que Simon Rattle venait d’associer La Création de Haydn à une pièce du contemporain Georg Friedrich Haas (voir ici), lui – qui fut son assistant à Birmingham – remonte le temps. La Musique pour les funérailles de la reine Mary de Purcell précède la Sixième Symphonie « Tragique » de Mahler. A deux siècles d’intervalle, les deux compositeurs nous disent le tragique de la condition humaine et l’angoisse de la mort. Mais l’appel à la pitié, chez Purcell, ne trouve guère d’écho dans la Symphonie de Mahler, dont le final, après des accents d’apocalypse, s’achève sur un effondrement. Cette passerelle était-elle légitimée par la musique, au point d’enchaîner les deux œuvres ? Certes, les passages pour cuivres et timbales de Purcell, magnifiquement interprétés, sont assez « modernes » pour anticiper certaines pages de l’Allegro initial de la Sixième Symphonie, qui commence elle-même par une marche funèbre... semblant presque naturellement prolonger celle du compositeur anglais. Mais les chœurs, où l’ensemble dirigé par Lionel Sow ne se montre pas toujours très à l’aise, créent plutôt un hiatus et jettent le doute sur le bien-fondé de la démarche.


Dès le premier mouvement, Mahler suscite ensuite des sentiments mitigés, qui ne s’émousseront pas. La maîtrise de la masse orchestrale impressionne, celle de la forme aussi : à l’inverse de Rattle dans Chostakovitch (voir ici), Harding ne sacrifie pas l’ensemble au détail, il privilégie la structure et les enchaînements, condition essentielle d’une Sixième réussie – la seule en quatre mouvements avec les Première et Neuvième, sans doute la plus unitaire de toutes. Direction très tenue donc, qui sait aussi suspendre le temps dans la fameuse section avec les cloches de vaches. Que manque-t-il alors ? La noirceur tragique, l’exaltation de la subjectivité, sans lesquelles, qu’on le veuille ou non, la Sixième perd de sa force. Comme si le refus de la surenchère conduisait le chef, victime peut-être de la rapidité du tempo, à trop de froideur.


L’Andante, du coup, ne verse pas dans une sentimentalité huileuse, avec de beaux échanges entre les pupitres. Mais le Scherzo perd son caractère d’implacable et sauvage « pesanteur », alors que le Trio n’a pas vraiment l’humour suggéré par le altväterisch [à la manière des ancêtres]. On ne peut s’empêcher aussi de préférer ce Scherzo avant et non pas après l’Andante, ce qui donne beaucoup plus de cohérence à l’architecture de la Symphonie – Mahler d’ailleurs, après avoir changé, serait revenu à cet ordre, faisant de cet Andante une sorte d’oasis entre deux grandes tragédies en la mineur. Dans le final, Harding persiste et signe, excellant notamment à décomposer et recomposer la masse sonore et le discours sans que jamais le fil ne se rompe. Mais la Sixième est une ces œuvres où la tension doit être insoutenable et qui doivent vous terrasser... De ce point de vue, le directeur d’un Orchestre de Paris superbe en ce premier concert de saison nous a laissé sur notre faim – il rejoint ici Simon Rattle dans Chostakovitch. On ne manquera donc pas de comparer avec ce que feront Franz Welser-Möst et Cleveland le 16 octobre.



Didier van Moere

 

 

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