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Le Chostakovitch désincarné de Sir Simon Rattle

Paris
Philharmonie
09/02/2017 -  et 28 (Salzburg), 31 (Luzern) août 2017
Dimitri Chostakovitch : Symphonies n° 1, opus 10, et n° 15, opus 141
Berliner Philharmoniker, Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Johann Sebastian Hanel)


Rentrée prestigieuse à la Philharmonie, qui persiste et signe avec les grandes formations internationales : Sir Simon Rattle et la Philharmonie de Berlin, Daniel Barenboim et la Staatskapelle de Berlin. L’Anglais qui ouvre le bal, par un concert Chostakovitch et La Création de Haydn.


Si on ne l’identifie pas au compositeur russe, il l’a dirigé dès les années Birmingham, gravant la Quatrième et la Dixième Symphonie. Le programme parisien va directement de l’alpha à l’oméga : de la Première, achevée à moins de vingt ans, qui annonce déjà tout, la propension au lyrisme comme le goût du sarcasme, à la Quinzième, qui semble jeter un regard nostalgique sur le passé.


A la tête d’un orchestre dont on ne redira pas les beautés – mais pas toujours en place dans le Scherzo –, Sir Simon veut sans doute nous rappeler que la Première n’a pas tout à fait rompu avec le passé : dès le premier mouvement, l’ironie est émoussée, comme si l’insolence devenait timide, avec, quand arrive le second thème, une valse presque tchaïkovskienne. On se situe à l’opposé des lectures sombres et acérées d’une certaine tradition russe : question de génération, sans doute, de culture aussi. Mais, du coup, la partition se vide un peu de sa substance, ressemble à un Concerto pour orchestre, où l’on privilégierait exclusivement la plasticité. Le manque de tension conduit parfois à la neutralité, comme dans le Trio du Scherzo, presque paresseux. C’est parfois très beau, notamment à la fin, mais il manque quelque chose.


Ce quelque chose manque aussi à la Quinzième Symphonie, même si celle-ci s’accommode mieux d’une telle approche. Toujours plus soucieux de la clarté des plans que de la continuité du flux, le chef jette sur l’ultime symphonie une sorte de lumière crépusculaire, tamisée. Dès les premières mesures, à écouter le thème facétieux exposé par les flûtes, on sent qu’il y aura plus ici d’humour que d’ironie, comme si le compositeur était revenu de tout – et la citation de l’Ouverture de Guillaume Tell, loin d’être narquoisement surexposée, se fond dans le tissu orchestral. Ici encore, nous voici loin d’une certaine tradition, avec plus de cohérence que pour la Première Symphonie. Mais l’émotion peine à surgir du poignant mouvement lent, malgré les beautés du violoncelle et du violon solos – le thème de l’Annonce de la mort de La Walkyrie ne vient pas, non plus, du fond de l’abîme. La plasticité, toujours... et les splendeurs de l’orchestre : la sonorité, dans les dernières mesures, est proprement magique.



Didier van Moere

 

 

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