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Duo complice

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Tannay (Parc du château)
08/23/2017 -  
Antonín Dvorák : Quatre pièces romantiques, opus 75
Edvard Grieg : Sonate pour violon et piano n° 3, opus 45
César Franck : Sonate pour violon et piano

Renaud Capuçon (violon), Khatia Buniatishvili (piano)


(© Fabrice Nassisi)R. Capuçon, K. Buniatishvili


Les Variations musicales de Tannay se déroulent cet été pour la huitième fois. Petit village au bord du lac Léman situé à deux pas de Genève, Tannay offre un cadre idyllique pour un festival : un parc magnifique planté d’arbres centenaire surplombant le lac et offrant une vue majestueuse sur les montagnes. Les concerts ont lieu sous une tente pouvant accueillir 550 spectateurs et dressée à côté d’une imposante maison de maître. Le fondateur du festival est un ancien journaliste et par ailleurs mélomane averti. Il s’est inspiré de La Roque-d’Anthéron, où les concerts sont aussi donnés dans l’immense parc d’un château. Mais le plein air doit s’accommoder de certaines nuisances. Proximité de l’aéroport de Genève oblige, on entend les avions à Tannay, ainsi que le train car la gare n’est pas loin non plus. Dans ces conditions, il n’est pas toujours aisé de se concentrer sur la musique.


Année après année cependant, les Variations musicales de Tannay prennent de l’ampleur, au point d’être aujourd’hui le plus grand festival de musique classique entre Genève et Lausanne. La manifestation ambitionne non seulement de donner leur chance à de jeunes talents prometteurs, mais aussi d’inviter des musiciens de haut niveau. C’est ainsi que Renaud Capuçon est un fidèle de Tannay, où il s’est produit pour la première fois en 2014. Il est revenu en 2015 et a donné deux concerts en 2016. Cette année, son nom est aussi à l’affiche deux fois. Pour sa seconde prestation, il a présenté un magnifique récital avec la pianiste Khatia Buniatishvili.


Si le programme choisi par les deux artistes n’avait rien d’original (ils l’ont gravé pour Erato en 2014 et l’ont repris depuis à de nombreuses reprises sur scène), leur récital n’en a pas moins enthousiasmé le public présent. Les deux musiciens ont affiché une complicité évidente, et aucun n’a cherché à tirer la couverture à lui. Leurs différences sont devenues complémentaires et leur jeu est si bien rodé qu’ils n’ont même plus besoin de se chercher du regard. La soirée a été placée sous le signe de la sobriété et de la sensibilité. Malheureusement, l’acoustique de la tente n’est pas idéale, et le violon a souvent couvert le piano.


Le programme a débuté sur une note plutôt intimiste avec les Quatre pièces romantiques de Dvorák, des pages légères de caractère mais néanmoins très lyriques, alternant douceur et tendresse avec des passages vifs et saccadés. La Troisième Sonate de Grieg, ouvrage romantique s’il en est, s’est révélée un superbe exemple de la complémentarité des deux artistes, le violon délicat et lumineux de Renaud Capuçon s’alliant idéalement à l’urgence et à l’incandescence du piano de Khatia Buniatishvili. Après l’entracte, les deux musiciens ont offert une lecture particulièrement contrastée de la Sonate de Franck, Renaud Capuçon trouvant un équilibre parfait entre intensité et légèreté, soutenu par le jeu plein mais néanmoins profond de Khatia Buniatishvili.


Le site des Variations musicales de Tannay



Claudio Poloni

 

 

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