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Le décor pour carte maîtresse Bregenz Seebühne 07/19/2017 - et 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29*, 30 juillet, 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 18, 19, 20 août 2017 Georges Bizet : Carmen Gaëlle Arquez/Lena Belkina*/Annalisa Stroppa (Carmen), Daniel Johansson/Martin Muehle*/Arnold Rawls (Don José), Andrew Foster-Williams*/Scott Hendricks/Kostas Smoriginas (Escamillo), Cristina Pasaroiu/Mélissa Petit*/Elena Tsallagova (Micaëla), Jana Baumeister*/Sónia Grané (Frasquita), Marion Lebègue*/Judita Nagyova (Mercédès), Yasushi Hirano/Sébastien Soulès* (Zuniga), Rafael Fingerlos*/Wolfgang Stefan Schwaiger (Moralès), István Horváth/Simeon Esper* (Le Remendado), Adrian Clarke/Dariusz Perczak* (Le Dancaïre), Stefan Wallraven (Lilas Pastia)
Prazský filharmonický sbor, Lukás Vasilek (préparation), Bregenzer Festspielchor, Benjamin Lack (préparation), Kinderchor der Musikmittelschule Bregenz-Stadt, Wolfgang Schwendinger (préparation), Wiener Symphoniker, Paolo Carignani*/Jordan de Souza (direction musicale)
Kasper Holten (mise en scène), Es Devlin (décors), Anja Vang Kragh (costumes), Bruno Poet (lumières), Luke Halls (vidéos), Signe Fabricius (chorégraphie)
(© Bregenzer Festspiele/Karl Forster)
Deux mains géantes culminant à près de 20 mètres de hauteur – dont une tenant une cigarette allumée – qui battent des cartes (62 au total, chacune faisant 4 mètres sur 7), dont certaines sont tombées, constituant autant de plateaux pour les chanteurs et les choristes. Tel est le décor impressionnant dans lequel est jouée Carmen à Bregenz, sur le lac de Constance, jusqu’au 20 août. Six projecteurs animent les cartes, en leur donnant leurs couleurs ou en affichant des vues anciennes de Séville. Les effets sont saisissants. Sur cette scène lacustre, l’eau est bien évidemment un élément essentiel du spectacle : au premier acte par exemple, les cigarières qui sortent de l’usine portent des seaux qu’elles remplissent pour se rafraîchir ; à la fin de l’acte, Carmen n’hésite pas à se jeter dans le lac pour échapper à la prison. Un peu plus tard, Escamillo rejoint les contrebandiers à bord d’une barque. Et à la fin de l’ouvrage, Carmen meurt ici non pas poignardée, mais... noyée ! Pendant l’air des tringles, les figurants dansent dans l’eau jusqu’à la ceinture. Au troisième acte, des cascadeurs grimpent au sommet des plus hautes cartes, qui symbolisent les montagnes du livret, sur fond de feux d’artifice. Visuellement, le spectacle est une réussite.
Le public qui remplit chaque soir les tribunes autour de la scène lacustre vient essentiellement pour le cadre enchanteur et les effets scéniques, qui font de Bregenz un grand spectacle populaire en plein air. L’aspect musical est clairement relégué au second plan. Comme les 7000 spectateurs viennent parfois de loin, essentiellement d’Autriche, d’Allemagne et de Suisse, les représentations doivent être aussi courtes que possible, pour permettre à chacun de rentrer à des heures raisonnables (le spectacle débute à 21h15, à la tombée de la nuit). Carmen façon Bregenz dure exactement deux heures : il n’y a pas d’entractes, les dialogues sont supprimés, de même que certains airs (« Quant au douanier, c’est notre affaire », par exemple) et les actes sont enchaînés sans la moindre pause, une gageure pour les musiciens. L’orchestre et les chanteurs sont sonorisés. 80 haut-parleurs sont dissimulés sur la scène, essentiellement derrière les cartes, et 800 sont disséminés dans l’amphithéâtre. La sonorisation est certes de très bonne qualité, mais elle ne permet pas de se faire une idée de la puissance des voix, qui sont toutes équilibrées au même niveau sonore.
Trois distributions vocales différentes sont prévues pour les 28 représentations. La Carmen de Lena Belkina séduit par son expressivité et son engagement scénique, mais le chant pourrait être plus délicat et raffiné. Le Don José de Martin Muehle est, lui, ardent et passionné, mais le ténor ne semble connaître aucune nuance vocale, forçant sa voix en permanence. Andrew Foster-Williams campe un Escamillo élégant et racé, même si la voix n’est pas exempte de sonorités nasales. Par bonheur, la distribution offre aussi de véritables pépites, à l’instar de la Micaëla de Mélissa Petit, au chant délicat et nuancé, ou encore de la Mercédès de Marion Lebègue, au timbre chaud et sensuel.
Claudio Poloni
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