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Fondus enchaînés

Verbier
Eglise
07/23/2017 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie en ut mineur, K. 475 – Sonates pour piano n° 14, K. 457, et n° 15, K. 545
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 27, opus 90, et n° 32, opus 111

Grigory Sokolov (piano)


G. Sokolov (© Aline Paley)


Il est devenu quasi impossible d’assister aux concerts de Grigory Sokolov à Paris. A Verbier en revanche, la petite église suffisait pour contenir la foule qui se pressait pour entendre son unique récital: Mozart et Beethoven pour une leçon de magie du son comme on n’en a pas entendu depuis Claudio Arrau.


Sokolov enchaîne les œuvres des deux parties de son concert. Pour Mozart, cela passe mieux que pour Beethoven. La Sonate , bizarrement surnommée «facile» (pour son do majeur ou parce que les professeurs de piano en ont décidé ainsi?), ouvre ce flot ininterrompu avec des tempi déroutants, des appoggiatures singulières, mais une plénitude sonore qui n’appartient qu’à ce pianiste russe, capable de donner à chaque nuance sa touche personnelle.
La Fantaisie en ut mineur qui fait le pont avec la Quatorzième Sonate entraîne l’auditeur dans une sombre réflexion et de nouveau les tempi étirés mais toujours sous-tendus par des phrasés d’une beauté à couper le souffle caractérisent la sonate, qui s’y enchaîne parfaitement. Une première partie en apesanteur!


Peut-on aussi facilement enchaîner deux sonates de Beethoven si dissemblables que les Vingt-septième et Trente-deuxième? Sokolov l’ose et on se dit que ce n’est pas plus mal pour contenir la concentration du public. Dans la Sonate en mi mineur, il étire les tempi pour mieux raconter. La sonorité plus riche, les couleurs plus sombres que pour Mozart préparent idéalement au monument qu’est la dernière sonate. Sokolov déploie des trésors sonores et on sent beaucoup plus que dans les autres œuvres du programme une pensée profonde sous-tendre le choix de ses phrasés. La liberté formelle de l’Arietta finale, l’apex du concert, convient idéalement au pianiste qui en donne une interprétation contenue, sobre, magnifique.


Comment n’eût-on pas pu souhaiter que Sokolov laissât le public abîmé dans les profondeurs de la dernière variation, coda de son œuvre pianistique? Mais pour la grande joie des auditeurs il a ajouté une troisième partie, revenant six fois pour une farandole des bis, tous aussi superbes qu’inutiles. Et pas avec des mignardises: Chopin (deux Nocturnes, une Etude), une pièce de Couperin, l’Arabesque de Schumann, un Moment musical de Schubert, avec toujours la même patte sonore qui à elle seule est la signature de ce colossal pianiste.



Olivier Brunel

 

 

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