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Un son Geneva Victoria Hall 06/27/2017 - et 25 (Redefin), 26 (Firenze), 28 (Rolle) juin, 1er juillet (Berlin) 2017 Robert Schumann: Symphonie n° 3 «Rhénane», opus 97
Richard Wagner: Der Ring des Nibelungen (extraits symphoniques): Entrée des dieux aux Walhalla, Voyage de Siegfried sur le Rhin, Marche funèbre, Murmures de la forêt & Chevauchée des Walkyries
Berliner Philharmoniker, Gustavo Dudamel (direction) G. Dudamel (© Chris Christodoulou)
C’est le plus pur hasard des programmes des orchestres en tournée qui a fait que cette même (sublime) Symphonie «Rhénane» de Robert Schumann a été programmée par des grands, très grands orchestres lors de leurs passages à Genève (et dans le même cadre de la série des «Grands interprètes» organisée sous la houlette attentive de Steve Roger, ancien directeur général de l’Orchestre de la Suisse romande). Elle a donc été jouée en 2012, par ce même orchestre sous la direction de Simon Rattle tandis qu’en 2014, c’était Riccardo Muti qui la donnait avec son Orchestre symphonique de Chicago.
Si la lecture de Rattle était vive, moderne et alerte, si celle de Muti était lumineuse mais un peu froide, celle que donne Gustavo Dudamel est, elle, plus classiquement allemande. Les tempos sont mesurés et laissent permettre aux multiples contrechants de se développer avec naturel. Si l’effectif est celui d’un orchestre de chambre avec seulement cinq contrebasses et violoncelles, il y a là cependant un son compact et équilibré. Les cordes ont profondeur et couleur. Ce sont les premiers pupitres qui sont présents pour cette tournée : Emmanuel Pahud à la flûte, Albrecht Mayer au Hautbois, Sarah Willis au cor... et leurs interventions sont lumineuses, parfaitement intégrées dans le son de l’orchestre dans son ensemble. A l’opposé de ce qu’il fait dans des pièces d’Amérique latine démonstratives, la vision du chef vénézuélien est pleine d’intériorité. Il raconte une histoire en cinq mouvements d’un voyage le long du Rhin dans une nature vivante et habitée.
La seconde partie de ce programme est parfaitement logique et cohérente. Nous restons ici proches du Rhin et de l’Allemagne des poètes. L’orchestre de Wagner est plus riche et plus dense mais dans la continuité stylistique de l’univers schumannien. A nouveau, les qualités de l’Orchestre philharmonique de Berlin sont simplement évidentes. Les nombreux passages où Wagner demande aux cordes de soutenir les mélodies par des motifs rythmiques sont ici précis et lumineux là où tant de musiciens savonnent leurs parties pour chercher quelques effets faciles... Les cuivres ont une dynamique exemplaire. Oui, ils sont capables de puissance lorsque la musique le demande mais ils sont aussi capables d’une douceur à laquelle on n’est juste pas habitués. Les bois sont à nouveau exemplaires et il faut souligner la sonorité puissante mais ronde d’Emmanuel Pahud, régional de cette étape suisse.
La mise en place est de grande qualité. Dudamel dirige certes mais il ne cherche pas à micro-manager des musiciens mais à les «accompagner» au meilleur sens du terme. Les bois sont parfaitement à l’unisson dans leurs interventions des «Murmures de la forêt» tandis que les pizzicati si difficiles à réaliser aux cordes sont exemplaires et devraient être objet d’étude dans tous les conservatoires de la Terre.
Malgré la chaleur qui règne sur Genève, la salle était pleine et le public a fait un triomphe à ces musiciens d’exception en leur offrant en plus de leurs applaudissements un silence concentré et attentif permettant au chef d’enchaîner sans le moindre bruit ou toux les deux derniers mouvements de la Symphonie «Rhénane». En bis, les musiciens donnent une Mort d’Isolde où les cordes peuvent lâcher toute la dynamique et la passion dont elles sont capables sans se soucier de couvrir une soprano ici absente.
La saison prochaine de la série des «Grands interprètes» est déjà annoncée. On y retrouvera des habitués comme Evgeny Kissin, Sir András Schiff, Joshua Bell, Juya Wang et Leonidas Kavakos ainsi que l’Orchestre national de France, dont Steve Roger avait pris en intérim la direction générale il y a quelques années. Mais comme chaque année maintenant, Genève bénéficiera à nouveau de la venue d’un «super orchestre» avec la présence du Philharmonique de Vienne sous la direction de Zubin Mehta, un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte pour les mélomanes de Suisse romande.
Antoine Lévy-Leboyer
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