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Réjouissant doublé Montpellier Opéra Comédie 06/09/2017 - et 11, 13, 15* juin 2017 Nino Rota : La notte di un nevrastenico
Giacomo Puccini : Gianni Schicchi Bruno Praticò (Le neurasthénique/Betto di Signa), Bruno Taddia (Le concierge/Gianni Schicchi), Giuliana Gianfaldoni (Elle/Lauretta), Davide Giusti (Lui/Rinuccio), Kévin Amiel (Le commandeur/Gherardo), Charles Alves da Cruz (Le serveur), Romina Tomasoni (Zita), Marceau Mesplé/Robin Peyraud (Gherardino), Perrine Madoeuf (Nella), Julien Véronèse (Simone), Aimery Lefèvre (Marco), Julie Pasturaud (La Ciesca), Jean-Claude Pacull Boixade (Maître Spinelloccio), Laurent Sérou (Amantio di Nicolao, Notaire), Xin Wang (Pinellino), Jean-Philippe Elleouet-Molina (Guccio)
Chœur de l’Opéra national Montpellier Occitanie, Noëlle Gény, Jacopo Facchini (chefs de chœur), Orchestre national Montpellier Occitanie, Francesco Lanzillotta (direction musicale)
Marie-Eve Signeyrole (conception, mise en scène, conception vidéo), Fabien Teigné (décors), Yashi (costumes), Philippe Berthomé (lumières), Julien Meyer, Julien Cano, ID Scène (réalisation vidéo)
La Nuit d’un neurasthénique (© Marc Ginot)
Après Royal Palace et Il Tabarro l’an passé, Marie-Eve Signeyrole, en résidence à l’Opéra national Montpellier Occitanie, poursuit son exploration du Trittico de Puccini avec Gianni Schicchi, couplé ici à La Nuit d’un neurasthénique, ouvrage écrit par Rota pour la radio, et créé en 1960 à Milan.
Elaborée autour de deux lits jumeaux, la scénographie joue de la contiguïté des chambres réservées par l’anti-héros insomniaque. Réalisée avec la complicité du duo ID Scène, Julien Meyer et Julien Cano, la vidéo procède comme un microscope braqué sur le visage du dormeur tourmenté. Le spectateur s’immisce ainsi avec une certaine gourmandise dans l’intimité du malade, tournant en dérision ses inquiétudes rituelles, tandis que sur un frontispice se déclinent à la façon des étages sur un ascenseur les numéros des chambres, de la 80 à la 82, au gré des effractions du drame d’une pièce à l’autre. L’inévitable finit par se produire: le cordon sanitaire autour de la sanctuaire 81 finit par céder à cause d’un bruit de chaussure, et notre neurasthénique se découvre à côté d’un intrus dans son lit. L’effet est d’une efficacité comique à l’égal d’une musique qui juxtapose avec une maîtrise admirable les styles et les formes les plus variées, jusqu’au jazz, et à laquelle rend justice la direction de Francesco Lanzillotta. Les solistes participent de la réjouissance théâtrale: autour de l’irrésistible neurasthénique de Bruno Praticò, au jeu consommé, Bruno Taddia incarne un concierge roublard à souhait, quand Kévin Amiel imprime une jeunesse insouciante au commandeur. Outre le serveur de Charles Alves da Cruz, Giuliana Gianfaldoni et Davide Giusti forme un sympathique couple d’amoureux en goguette, que l’on retrouvera dans Gianni Schicchi, en Lauretta et Rinuccio.
La lecture de l’opus de Puccini déjoue justement les attentes. Alors que l’on aurait aisément imaginé retrouver le lit pour y voir couché Buoso expirer, Fabien Teigné a dessiné un champ nu où l’on s’apprête à inhumer le riche défunt au milieu de sillons agricoles, sur fond de lumières blafardes élaborées par Philippe Berthomé, où quelques oiseaux vidéographiques se rassemblent çà et là en nuées. Si le supposé réalisme se trouve passablement sacrifié, le point de vue ne manque pas d’intérêt, où l’on devine la précipitation des héritiers qui devront reconstituer un simulacre de veillée funèbre. Quant aux costumes de Yashi, ils contribuent à rehausser avec à-propos des personnages hauts en couleur.
Dans le rôle-titre, Bruno Taddia livre une virtuose composition où théâtre et voix s’expriment avec plénitude. Outre les jeunes amants déjà mentionnés plus haut, on retiendra l’inénarrable Zita, dévolue à Romina Tomasoni, ainsi que le Simone sénatorial de Julien Véronèse. Kévin Amiel revient en Gherardo, et Bruno Praticò prend la défroque de Betto di Signa. Perrine Madoeuf ne démérite aucunement en Nella, pas davantage que le Marco d’Aimery Lefèvre ou La Ciesca de Julie Pasturaud. Jean-Claude Pacull Boixade réjouit en Spinelloccio satisfait de son art médical. Evoquons encore le babil de Gherardino, ainsi que le notaire et les deux témoins – ces trois derniers revenant respectivement à Laurent Sérou, Xin Wang et Jean-Philippe Elleouet-Molina. Préparés conjointement par Noëlle Gény et Jacopo Facchini, le chœur remplit son office au même titre que l’Orchestre national Montpellier Occitanie, placé sous la direction de Francesco Lanzillotta, d’une vitalité aussi bienvenue que communicative.
Gilles Charlassier
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