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Le bal des annulations Zurich Opernhaus 06/07/2017 - et 11*, 14, 17, 20, 24 juin 2017 Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera Otar Jorjikia/Marcelo Alvarez* (Gustavo III, Re di Svezia), George Petean (Renato Anckarstroem), Sondra Radvanovsky/Hui He* (Amelia), Marie-Nicole Lemieux (Ulrica), Ilse Eerens/Sen Guo* (Oscar), Yuriy Tsiple (Cristiano), Gyula Rab/Otar Jorjikia* (Giudice), Ildo Song (Ribbing), Dimitri Pkhaladze (Horn), Trystan Llŷr Griffiths (Servo d’Amelia)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Fabio Luisi (direction musicale)
David Pountney (mise en scène), Nina Russi (reprise de la mise en scène), Raimund Bauer (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Beate Vollack (chorégraphie)
(© Judith Schlosser)
Il n’y a pas qu’en hiver que les théâtres lyriques sont confrontés à des annulations en série ; l’été peut aussi être propice aux maladies. Ainsi, la reprise du Bal masqué de Verdi à Zurich a été marquée par plusieurs défections, à commencer par celle de Marcelo Alvarez. Même s’il n’était, de loin, pas encore rétabli, le ténor argentin a tenu à chanter la deuxième représentation, par égard pour les spectateurs. Malgré de nombreuses quintes de toux et au prix d’efforts clairement visibles, il a réussi tant bien que mal à interpréter un Gustavo ardent et passionné, déclenchant des applaudissements chaleureux du public. Pour cette deuxième représentation, c’est la star du Met, Sondra Radvanosky, qui a déclaré forfait, contraignant l’Opernhaus à trouver une remplaçante au pied levé. La direction a eu de la chance, puisque la soprano chinoise Hui He était disponible. Voix ample et puissante, homogène sur toute la tessiture et capable de belles nuances, son Amélia a aussi récolté des applaudissements sonores d’un public reconnaissant. Sen Guo, également absente le soir de la première, a incarné un Oscar léger et bondissant, en faisant fi des vocalises du rôle. Très en voix, George Petean a campé un magnifique Renato, sobre et stylé, avec un « legato » exemplaire. Malgré une présence scénique indéniable et un timbre grave et corsé, Marie-Nicole Lemieux n’a, pour sa part, pas entièrement convaincu en Ulrica, en raison de sauts de registre gênants et d’une tendance à forcer sa voix.
Cette production du Bal masqué date de 2011. Le vrai Gustave III de Suède était un passionné de théâtre. David Pountney a ainsi imaginé l’intrigue comme un spectacle de marionnettes dont les fils sont tirés par le roi, lequel met en scène sa propre pièce. Au lever de rideau, on voit d’ailleurs descendre des cintres une main géante tirant les ficelles d’un figurant transformé en pantin. Jusque-là, les choses sont claires, mais tout se gâte avec l’arrivée d’Ulrica en prédicatrice haranguant les foules micro à la main, ou encore avec la première scène de l’acte III, lorsque Renato ouvre une armoire dans laquelle il a ligoté sa femme. Sans parler du bal masqué, gris et noir, les invités étant déguisés en squelettes. Dans la fosse, Fabio Luisi offre un superbe prélude, particulièrement raffiné et contrasté. La suite ne se hissera pas toujours au même niveau, le chef faisant souvent sonner Verdi comme une opérette d’Offenbach. Les hauts et les bas d’un théâtre de répertoire.
Claudio Poloni
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