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La tradition des Noces

Aix-en-Provence
Théâtre de l’Archevêché
07/06/2001 -  et 8, 9, 11, 14*, 16, 18, 20, 21 juillet 2001
Wolfgang Amadeus Mozart : Les Noces de Figaro
Marco Vinco (Figaro), Camilla Tilling (Susanna), Brian Bannatyne-Scott (Bartolo), Jennifer Smith (Marcellina), Magdalena Kozena (Cherubino), Laurent Naouri (Il Conta Almaviva), Véronique Gens (La Contessa Almaviva), Jean-Paul Fouchécourt (Don Basilio), Jozsef Dene (Antonio), Aled Hall (Don Curzio), Magali Léger (Barbarina)
Mahler Chamber Orchestra, Marc Minkowski (direction)
Sir Richard Eyre (mise en scène)




Tout dépend de ce que l’on entend par buffa. Le comique doit-il être souligné, mis en évidence, ou se suffit-il à lui-même, fuyant toute exagération ? Les voix, en l’occurrence, des Noces de Figaro - «opera buffa» - du rôle titre et du Comte notamment, doivent-elles obligatoirement posséder un format ample, verser dans la truculence, appuyer certains traits ou, au contraire, insister sur l’articulation, la clarté, privilégier une émission légère mettant le texte à nu ? Le débat, autant musical que philosophique, est impossible à trancher mais, tout au plus, noterons-nous que l’Histoire, avec son fameux balancier, après avoir penché du côté des voix «charnues», se déplace désormais du côté des voix «allégées». Sans aucun doute, l’influence des «baroqueux» est déterminante dans ce retour du balancier. Marc Minkowski, Laurent Naouri, Véronique Gens viennent directement de ce mouvement. Pas le jeune Marco Vinco, mais sa voix très claire lui aurait certainement empêché de chanter Figaro il y a vingt ou trente ans !


Honneur donc à la mobilité, à l’articulation, à la prononciation, à la clarté de l’émission, au positionnement de la voix, à la compréhension du texte. On ne décèle point d’accent, tous les chanteurs semblent italiens, bravo ! La suédoise Camilla Tilling campe une Susanna malicieuse et vive, la tchèque Magdalena Kozena un Cherubino bondissant, la française Magali Léger une Barbarina craquante. Leurs voix lumineuses et agiles sont un plaisir. Marco Vinco (Figaro) et Laurent Naouri (le Comte Almaviva), incarnent leurs personnages avec justesse et conviction, sans les trop fréquents excès (bouffons et pas buffa !) qui leurs sont souvent attachés. La voix plus lascive de Véronique Gens convient idéalement au ton mélancolique de la Comtesse. Chef de théâtre né, Marc Minkowski réalise l’osmose idéale entre les chanteurs et dirige un orchestre nerveux qui ne couvre jamais le plateau.


Venant à l’opéra pour la seconde fois de sa longue carrière, après une Traviata à Covent Garden (celle dirigée par Solti et qui révéla Angela Georghiu), le metteur en scène de théâtre Richard Eyre signe des Noces superbes, animées et vives, à partir d’un dispositif très simple reprenant les murs de l’Archevêché auxquels il adjoint un balcon, deux escaliers et des doubles portes déplaçables pour figurer les pièces. Transposée au début du XXe siècle pour permettre une sensualité et des attitudes plus débridées (mais jamais vulgaires), dans un mobilier XVIIIe, cette mise en scène semble être un hommage à «Mozart à Aix-en-Provence» dont le programme nous rappelle que nous assistons aux 14e Noces de l’histoire du festival. La tradition d’excellence est maintenue, même si elle n’hésite pas à bousculer certaines autres traditions.







Philippe Herlin

 

 

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