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Schoenberg oui, Ravel non

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/20/2017 -  et 12, 13, 14 (Dresden), 16 (Madrid), 22 (Wien) mai 2017
Gabriel Fauré : Pelléas et Mélisande, opus 80: Prélude
Maurice Ravel : Concerto en sol
Arnold Schoenberg : Pelleas und Melisande, opus 5

Daniil Trifonov (piano)
Sächsische Staatskapelle Dresden, Christian Thielemann (direction)


D. Trifonov (© Nicolas Brodard)


Une création française de Sofia Goubaïdoulina devait inaugurer le second concert de la Staatskapelle de Dresde. La Colère de Dieu n’étant pas achevé, Christian Thielemann a introduit le Concerto en sol de Ravel par le Prélude de Pelléas et Mélisande de Fauré. Le maître, ainsi, précède le disciple. Mais si cela pouvait assez bien s’enchaîner avec l’Adagio, l’association convient moins bien au coruscant Allegramente initial, aux accents jazzy fortement marqués.


Il n’est pas sûr non plus que ces passages-là trouvent en Christian Thielemann l’interprète le plus adéquat : le chef est ici en terre étrangère et ne convaincra pas dans une partition que Daniil Trifonov conçoit de bien curieuse manière – on sait qu’il s’engage souvent hors des sentiers battus. La profondeur du toucher, la réserve de nuances, la palette de couleurs ont beau fasciner, le mélange, dès l’Allegramente, de motorique à la Prokofiev, d’une précision diabolique, sans la moindre dureté, et de sonorités languides à la Scriabine, assorties de rubatos généreux ne fonctionne pas au mieux. La magie sonore de l’Adagio se dissout dans l’étirement du tempo, qui déstructure le mouvement plus qu’il ne suspend le temps. On est ailleurs, mais pas chez Ravel. Tout cela convient mieux aux hypnotiques « Reflets dans l’eau » de Debussy donnés en bis.


Chef et orchestre sont plus familiers de l’univers de Schoenberg et l’on admire, comme dans la Symphonie des Alpes la veille, les beautés de cet ensemble séculaire, son homogénéité et ses timbres notamment – la mélodie de timbres, d’ailleurs, est déjà là, avant même « Farben », la fameuse troisième pièce de l’Opus 16. La direction de Thielemann, loin de toute pesanteur prétendument « germanique », sans pathos, éclaire à la perfection une partition très complexe, peut-être plus attaché à anticiper le Schoenberg à venir, jusqu’à celui des Variations opus 31, qu’à exalter la postérité de Tristan – son Tristan, justement, frappe par sa fluidité. Si l’acoustique du TCE assèche et sature un peu, certains passages chambristes sont magnifiques. On regrette seulement qu’il n’y ait pas d’arche, que l’approche ne soit pas plus narrative : même formellement très élaboré, ce Pelléas et Mélisande reste un poème symphonique, un drame en musique, que Thielemann a tendance à détacher de son argument. Attendons, pour comparer, Louis Langrée et le National à Radio France dès le 24 mai.



Didier van Moere

 

 

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