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Renaud Capuçon enthousiasme Philadelphie Philadelphia Verizon Hall 05/11/2017 - et 12, 13 mai 2017 Anatole Liadov : Kikimora, opus 63
Erich Wolfgang Korngold : Concerto pour violon en ré majeur, opus 35
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5 en mi mineur, opus 64 Renaud Capuçon (violon)
The Philadelphia Orchestra, Cristian Măcelaru (direction)
(© Jessica Griffin)
Pour le mélomane en visite à Philadelphie, un concert du Philadelphia Orchestra est une étape incontournable de tout séjour dans cette ville considérée comme le berceau des Etats-Unis. La formation fait partie des « big five » américains. Elle a été fondée en 1900 par Fritz Scheel, ce qui en fait, avec Cleveland, la benjamine des grands orchestres d’Outre-Atlantique. L’orchestre acquiert son envergure internationale avec l’arrivée de Leopold Stokowski en 1912. Sous sa direction, la formation a participé à la réalisation du dessin animé Fantasia. De 1936 à 1938, Stokowski et Eugene Ormandy se sont partagé la direction de l’orchestre, puis c’est le second qui en a assuré la direction pendant 44 ans, un record. Se sont ensuite succédé Riccardo Muti (1980-1992), Wolfgang Sawallisch (1993-2003), Christoph Eschenbach (2003-2008), Charles Dutoit (2008-2012) et Yannick Nézet-Séguin depuis 2012. En 2011, l’orchestre a fait les gros titres bien malgré lui puisque, à la suite de la crise économique, il s’est placé sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites des Etats-Unis et a entamé une vaste campagne pour récolter des millions de dollars de dons, ce qui lui permet désormais de regarder vers l’avenir avec une certaine sérénité. Depuis 2001, les concerts sont donnés au Kimmel Center, dans une salle de 2500 places nommée Verizon Hall, à l’excellente acoustique. Les parois de couleur grenat rappellent la brique des tout premiers immeubles de Philadelphie.
Souffrant, Tugan Sokhiev a dû céder sa place sur le podium à Cristian Măcelaru, jeune chef en résidence à Philadelphie. Le programme n’a pas été modifié. Le concert a débuté avec une rareté, Kikimora de Liadov. La partition de ce conte populaire russe commence en douceur, dans une atmosphère calme et paisible, pour rapidement laisser entendre une musique plus mouvementée et teintée d’inquiétude, suggérant l’arrivée des esprits de la forêt.
Renaud Capuçon était ensuite à l’affiche dans le Concerto de Korngold. Le violoniste a fait très forte impression dans les passages virtuoses et étincelants du premier mouvement, qui s’est terminé sous les applaudissements d’un public enthousiaste. Mais c’est dans la Romance du deuxième mouvement qu’il s’est montré le plus à son aise, avec une interprétation raffinée et délicate, d’une grande sensibilité, idéale pour traduire cette rêverie intime, avant de se lancer dans les pages enflammées du Finale, à la luxuriance sonore très cinématographique. Le chef s’est montré très attentif au soliste, trop peut-être, ce qui a conduit à quelques légers décalages.
Après l’entracte, la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski a offert au chef et aux musiciens l’occasion d’une démonstration de tout premier plan, à la hauteur de la réputation de l’orchestre. Le jeune maestro a proposé une exécution au lyrisme exacerbé, toute en retenue, sans déchaînements excessifs, peut-être un peu trop prudente, mais avec des crescendi saisissants, une exécution doublée d’une véritable leçon de musique, avec des cordes onctueuses à souhait et des bois capables de remarquables pianissimi.
Claudio Poloni
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