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Voyage sensuel Paris
Théâtre national de Chaillot
05/10/2017 - et 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24 mai 2017
Noé
Thierry Malandain (chorégraphie), Gioacchino Rossini (musique)
Malandain Ballet Biarritz
Jorge Gallardo (décor et costumes), Francis Mannaert (lumières), Véronique Murat (réalisation des costumes), Frédéric Vadé (conception décor)
(© Olivier Houeix )
Parmi tous les chorégraphes de sa génération, Thierry Malandain est celui dont la très grande culture musicale est la plus évidente dans le choix du support de ses chorégraphies autant par la qualité que par l’exploitation de la musique. Pour Noé, créé à San Sebastian en janvier 2017 et dont Chaillot a eu la primeur française, le choix d’une œuvre peu connue de Rossini, sa Messa di Gloria, additionnée de quelques extraits de son Stabat Mater, se révèle un formidable substrat dont la forme dicte à la chorégraphie un cadre et un format tout à fait originaux.
Comme toujours chez Malandain, tout est réglé au cordeau et cette évocation biblique dans laquelle il faut beaucoup d’imagination pour y lire l’histoire de l’Arche de Noé, est un formidable voyage sensuel dans lequel s’enchaînent des rondes calmes puis frénétiques (il avoue s’être inspiré de danses rituels d’Afghanistan), où l’on découvre émerveillé des rythmes et des balancements de corps tribaux et l’on ressent une vibration jubilatoire. Le bleu aquatique de la magnifique scénographie de Jorge Gallardo qui encadre la grande scène vide est à lui seul une invitation au voyage et les jolies tenues des danseurs, qui peu à peu révèlent des justaucorps couleur chair, garantissent une neutralité qui peut prêter à toutes les interprétations.
Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui émerveille toujours c’est la rigueur du Ballet Biarritz, sa virtuosité pour exécuter les figures les plus complexes avec un naturel exquis et une grande sérénité et, dans le cas de Noé, une adéquation des idées chorégraphiques à la religiosité si étrangement matinée des manières de l’opéra romantique. Un mélange détonnant et décapant autant pour l’oreille que pour l’œil.
Olivier Brunel
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